Voilà une expression qui incarne mieux que nulle autre ce qu’elle désigne, à savoir un imbroglio total : « sens dessus dessous » est une expression au parcours complètement absurde. Non seulement elle est très souvent malmenée à l’écrit, mais son orthographe actuelle découle… d’une suite de fautes d’orthographe. Remettons tout cela en ordre.

De « c’en » à « sens »

L’Académie française elle-même le confesse : « sens dessus dessous » est une manière fautive d’écrire… « c’en dessus dessous ». En des temps révolus, on disait « ce en dessus dessous », à savoir que ce qui devait être dessus se retrouvait dessous (et, en toute logique, vice versa). Le hiatus « ce en » étant assez pénible à prononcer, on est vite passé à « c’en dessus dessous » (ou « cen dessus dessous »). Jusque-là, tout va bien…

Les sentiers des déboires

Les Immortels poursuivent en expliquant que « cen » a alors été confondu avec « sen », un ancêtre de « sentier ». Une fois « sen » disparu du langage courant, on l’aurait remplacé par « sens ». Une bourde assez censée, au fond : l’idée d’un « sens » inversé entre dessus et dessous colle toujours au sens de notre expression. Sauf que très vite, une autre méprise s’est glissée dans nos cahiers : celle d’écrire « sans dessus dessous ».

Vers une nouvelle orthographe ?

La méprise était prévisible : parler d’une chose « sans dessus [ni] dessous » semble parfaitement logique pour évoquer le chaos. En cherchant sur Google, on constate que « sens dessus dessous » domine encore à l’usage : 596.000 résultats contre 261.000 pour « sans dessus dessous », mais cela signifie quand même qu’un tiers des Français font l’erreur… On peut donc se demander si avec le temps, « sans dessus dessous » n’entrera pas à son tour dans les dictionnaires.

Compte tenu de la manière indue dont l’orthographe d’origine a été évincée, ça ne serait que justice…