Orthographe : Doit-on écrire « maline » ou « maligne » ?
Français•Les deux mots existent-ils ? Sont-ils synonymes ? Les deux orthographes sont-elles possibles ? Zola et Verlaine se sont-ils trompés ? On vous explique toutFrédéric Henry pour 20 Minutes
L'essentiel
- Le féminin de « malin » est « maligne ».
- L’usage de « maline » est attesté, mais vivement déconseillé.
- On écrira donc « maligne » et non « maline ».
Le mot « maline » est de plus en plus souvent employé comme féminin de « malin ». Et après tout, ça semble logique : puisque le féminin de « crétin » est « crétine », pourquoi « malin » donnerait-il « maligne » ? Retour sur un mot qui a même induit les plus grands auteurs en erreur.
L’intelligence du Diable
À l’origine était « malignus » : « méchant » en latin. Le Malin désignait d’ailleurs, jadis, le Diable. On peut imaginer qu’à une époque où la religion voulait à tout contrôler, l’audace et l’esprit critique étaient malvenus. C’est peut-être ainsi que la signification de « malin » s’est peu à peu élargie, de « malveillant » vers « rusé », puis « astucieux », puis « intelligent ». Le sens originel du mot subsiste néanmoins dans quelques expressions figées, comme « esprit malin » ou « tumeur… maligne ».
« Maligne », vous avez dit « maligne » ?
Du fait de leurs racines latines (« malignus » et « benignus »), « malin » et « bénin » se féminisent en « igne ». Alors, on entend déjà les petits malins au fond de la classe : « Dites donc, Madame, Émile Zola et Paul Verlaine ont tous les deux employé "maline". Vous allez nous dire que les plus grands auteurs du XIXe siècle se sont trompés ? » Eh bien… oui et non. Le fait est qu’à l’usage, « maline » a parfois été attesté, mais seulement à certaines époques et dans certaines régions.
La règle et l’usage
Ainsi, « maline » est recensé par le Trésor de la langue française, mais comme un usage « vulgaire » et « patois ». Quant au Larousse, au Robert et au Dictionnaire de l’Académie française, ils sont formels : hors régionalismes, le féminin de « malin » est « maligne », un point c’est tout. L’Académie française évoque d’ailleurs l’existence d’un autre mot « maline », certes méconnu, qui fait quant à lui référence à une « grande marée ». Rien à voir, donc, avec le Malin.