MobilisésGrève à Radio France en soutien à Guillaume Meurice, mais pas que

Grèves à Radio France, entre soutien à Guillaume Meurice et réforme de l’audiovisuel contestée

MobilisésL’humoriste est suspendu de l’antenne et convoqué à un entretien pour avoir répété une blague sur Benyamin Netanyahou
Xavier Regnier

X.R. avec AFP

Avis de tempête pour le « Paquebot ». La maison de Radio France s’apprête à affronter plusieurs grèves, touchant autant à la liberté d’expression, à la grille des programmes qu’à l’indépendance même du groupe, avec la réforme de l’audiovisuel public qui s’annonce. Une première journée de grève est ainsi prévue ce dimanche, avant deux nouvelles journées les 23 et 24 mai.

L’émission Le grand dimanche soir de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d’ordinaire Guillaume Meurice, a des chances d’être annulée et les antennes pourraient connaître d’autres perturbations. Avec cette première mobilisation, les syndicats de Radio France entendent protester contre « la répression de l’insolence et de l’humour » après la suspension du chroniqueur, ainsi que contre le « sacrifice » d’émissions de France Inter.

Polémique sur une blague validée par la justice

Guillaume Meurice a été écarté de l’antenne le 2 mai dans l’attente d’une éventuelle sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, quatre jours après avoir réitéré une blague sur Benyamin Netanyahou, initialement faite fin octobre. Il est convoqué jeudi à un premier entretien avec les ressources humaines. L’humoriste avait comparé le Premier ministre israélien à une « sorte de nazi mais sans prépuce », ce qui lui avait valu des accusations d’antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.

En plein conflit Israël-Hamas, sa satire est diversement appréciée à Radio France. C’est une « blague pourrie » pour sa collègue Sophia Aram, dont le manque de solidarité et les différentes manières d’évoquer les morts israéliens et palestiniens lors de la soirée des Molières ont été vivement critiqués sur les réseaux sociaux.

Le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, avait adressé à l’automne une mise en garde à Radio France. La ministre de la Culture Rachida Dati a jugé mardi que le groupe public « ne pouvait pas ne pas réagir », après la répétition des propos litigieux, malgré le classement sans suite des plaintes. Cette affaire peut toutefois « interroger sur la liberté d’expression », a admis la ministre.

Refonte de la grille et fusion en vue

Le sujet est hautement sensible alors que les syndicats CGT, CFDT, FO, SNJ, Sud et Unsa s’inquiètent de « menaces » pesant selon eux « sur des émissions populaires et singulières », en particulier sur France Inter où se prépare la grille de rentrée. A tel point que les Sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de l’antenne ont récemment dénoncé « un virage éditorial » de la première radio de France, sur fond d’économies budgétaires. Le programme sur l’environnement La terre au carré doit notamment évoluer.

« C’est le travail de grille habituel et cela reste léger », assure-t-on côté direction. Mais les calendriers s’entrechoquent : la température monte à Radio France en même temps que se prépare une réforme structurelle pour l’ensemble de l’audiovisuel public. Mardi et mercredi, les députés vont examiner en commission la proposition de loi sénatoriale prévoyant la création d’une holding chapeautant le secteur.

Ce chantier d’une gouvernance unique pour Radio France, France Télévisions, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) est un serpent de mer. Dressant un constat sévère de l’existant, Emmanuel Macron avait prôné un rapprochement dès 2017. La ministre de la Culture en a fait son cheval de bataille, souhaitant un audiovisuel public « plus puissant, plus efficace » avec une mise en œuvre en 2025. Elle entretient cependant le flou sur le degré d’intégration envisagé : jusqu’à la fusion ? Les syndicats y sont en tout cas fermement opposés.