JUSTICEAffaire Bettencourt: Pourquoi a-t-on perquisitionné chez Nicolas Sarkozy?

Affaire Bettencourt: Pourquoi a-t-on perquisitionné chez Nicolas Sarkozy?

JUSTICEIl s'agit d’un nouveau développement de l’affaire Bettencourt...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Avec les perquisitions menées mardi chez l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, l’affaire Bettencourt s’engage dans de nouveaux développements.

Pourquoi y a-t-il eu des perquisitions chez l'ancien président de la République?

Des perquisitions au domicile et dans les bureaux de l'ancien chef de l'Etat, qui a perdu son immunité, ont eu lieu mardi. Le juge d'instruction Jean-Michel Gentil, qui a été saisi pour abus de faiblesse et financement illicite de campagne électorale, enquête sur d'éventuelles remises de fonds par Liliane Bettencourt à Nicolas Sarkozy. L’ancien chef de l’Etat est soupçonné d’avoir bénéficié de fonds de la milliardaire lors de sa campagne présidentielle de 2007.

Que s’est-il passé pendant ces perquisitions?

Accompagné d'une dizaine de policiers de la brigade financière, le juge bordelais a perquisitionné à toutes ces adresses, dans l'appartement familial appartenant à Carla Bruni dans le 16e arrondissement. Rien n'a été saisi mardi durant ces perquisitions, ont affirmé des sources proches du dossier.

Où était Nicolas Sarkozy?

Nicolas Sarkozy n'était pas là, étant parti la veille «en famille au Canada», selon un communiqué de son avocat, Me Thierry Herzog.

De quoi est soupçonné Nicolas Sarkozy?

Le juge a déjà fait saisir les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, il a entendu des fournisseurs, et il a dans le dossier les déclarations troublantes de différents employés de maison des Bettencourt évoquant un ballet d'hommes politiques au domicile des milliardaires, à Neuilly (Hauts-de-Seine), venus, selon les rumeurs qui circulaient dans la maison, pour y recevoir de l'argent liquide. Nicolas Sarkozy aurait fait partie des visiteurs de Neuilly, selon plusieurs témoignages. Mais il n'y a pas de témoin direct de telles remises.

L'ex-comptable des Bettencourt Claire Thibout a cependant décrit comment l'ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, mis en examen à de multiples reprises dans ces dossiers, lui aurait demandé en janvier 2007 de se procurer 150.000 euros en liquide sur les comptes des Bettencourt, en disant vouloir les donner à Eric Woerth, ancien ministre et ancien trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy.

Il y a aussi l'annotation du 26 avril 2007 dans le carnet du photographe François-Marie Banier, ami de Liliane Bettencourt. Ce jour-là, elle aurait déclaré: «De Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent, j'ai dit oui.»

Que répond Nicolas Sarkozy aux accusations?

Le 3 avril dernier, l'ancien chef de l’Etat a vivement démenti avril sur Canal+ tout comportement délictueux, tout en admettant avoir pu se rendre chez les Bettencourt, en tant que maire de Neuilly, et qu'il partageait les idées politiques d'André Bettencourt, vivant encore début 2007 (et décédé depuis).

Mi-juin, Nicolas Sarkozy a communiqué au juge une copie certifiée conforme de son agenda 2007 et sept pages d'observations. L’avocat a également reconnu «une unique visite» de celui-ci chez les Bettencourt le 24 février à 12h, «pendant environ 20 à 25 minutes».

Pourquoi la juge Isabelle Prévost-Desprez a-t-elle été mise en examen?

Autre événement annoncé mardi: l’annonce de la mise en examen de la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez pour «violation du secret de l'instruction» par un autre juge bordelais, Philippe Darphin, lundi soir. La décision fait suite à une plainte de Liliane Bettencourt, irritée qu'une perquisition menée le 1er septembre 2010 à son domicile à la demande d’Isabelle Prévost-Desprez ait été relatée en détail dans le numéro du Monde publié en début d'après-midi le même jour.

Le parquet de Nanterre, initialement chargé de l'enquête, avait d'abord fait rechercher la source des journalistes à l'aide de leurs factures de téléphone portable, une infraction au secret des sources qui a valu au procureur de Nanterre Philippe Courroye et à son adjointe d'être mis en examen, avant une annulation de cette mesure pour vice de forme. On a également apprisi que Philippe Courroye était convoqué mardi par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dans le cadre de la plainte du Monde dans cette affaire.