FAITS-DIVERSL'ancien imprimeur s'était converti en faux-monnayeur

L'ancien imprimeur s'était converti en faux-monnayeur

FAITS-DIVERSLa police judiciaire a démantelé le plus grand atelier de faux billets de France à Courtry, en Seine-et-Marne...
William Molinié

William Molinié

La plus grande fabrique de faux billets en France -la deuxième en Europe- n’émettra plus les fameux 20C45 et 50C67 que la banque de France avait identifiés comme des coupures contrefaites de 20 et de 50 euros. Près de 350.000 billets circulaient partout en France et même en Europe depuis 2007, pour un total de plus de 9 millions d’euros. Les policiers de l’Office central pour la répression du faux monnayage (OCRFM) sont parvenus mardi et mercredi à mettre la main sur cette officine de fabrication, au terme de 27 heures de perquisition dans un bâtiment industriel à Courtry (Seine-et-Marne).

Les enquêteurs ont mis du temps avant de trouver la planque de Dominique P., un gitan sédentarisé bien connu de la police. L’homme a déjà été jugé pour les mêmes faits par le tribunal correctionnel de Pontoise et attend son jugement, qui doit être prononcé par la cour d’appel de Versailles. Cet ancien imprimeur, mis en examen et écroué le 24 mai dernier dans cette affaire pour association de malfaiteurs et émission de fausse monnaie, avait pris beaucoup de précaution. «Il avait dissimulé son atelier derrière un faux mur et installé des caméras pour voir à l’extérieur», détaille un enquêteur. «Il semblerait qu’il ait voulu préparer sa fuite», poursuit une autre source policière.

Réseau criminel organisé

Dans une salle de 40m2, dissimulée entre deux bâtiments, les policiers ont découvert des coupures de faux billets, des imprimantes, des ordinateurs ainsi que de nombreuses cartouches d’encre. «C’est un génie du bricolage», commente une source policière. La fabrique, d’aspect artisanal, semble pourtant très organisée. Une partie des billets était écoulée par la communauté des gens du voyage, très présente dans les champs autour de Courtry, l’autre par des seconds couteaux, déjà connus des services de police pour de multiples trafics. Les policiers tentent désormais de trouver d’éventuelles complicités.

«On voyait surtout de l’activité la nuit», commente un voisin. Dominique P., qui d’après les policiers aurait même installé des détecteurs de mouvements pour être averti de la présence d’individus autour de sa planque, travaillait surtout en soirée. Un enquêteur estime qu’il lui fallait entre une semaine et dix jours pour parvenir à fabriquer un billet. Ce professionnel de la copie a confié aux enquêteurs que «si l’homme est capable de fabriquer un billet, lui sera facilement en mesure d’en faire des faux».

Lors de la perquisition, les policiers ont aussi trouvé, plus étonnant, les préparatifs pour fabriquer une fausse carte de policier. Et pas n’importe laquelle. «Il s’agit des nouvelles cartes. Certains d’entre nous ne l’ont toujours pas reçue», s’inquiète un policier. Là encore, la marque de fabrique des malfaiteurs: avoir un temps d’avance.