Soleil, cabines UV... Comment bronzer sans danger?
SANTÉ•e jeudi aura lieu la 14e journée de prévention et de dépistage des cancers de la peau. La dermatologue Isabelle Gallay revient pour «20 Minutes» sur les risques liés au soleil, et sur les façons de se protéger...Claire Béziau
Carcinomes cutanés, mélanomes malins…En vingt ans, le nombre de cas déclarés a triplé. Les cancers de la peau se sont fait une place au soleil, premier sur le banc des accusés puisque ses rayons tuent indirectement 1.620 personnes chaque année en France, selon l’Institut du cancer. Isabelle Gallay, membre du Syndicat national des dermatologues, nous explique comment mieux s’en protéger.
Rayons de soleil… et de radiothérapie
La lumière du soleil est d’abord bénéfique: elle booste le moral, ses UVB nous permettent de synthétiser la vitamine D et de fortifier nos os. Malheureusement, ces derniers sont aussi des assassins. «Point trop n’en faut» avertit le Dr Gallay. «Ils créent des mutations dans l’ADN de nos cellules et sont dangereux en grande quantité. Heureusement, ils pénètrent moins profondément dans la peau que les UVA.»
Et les UVA, même combat. S’ils sont moins mutagènes que leurs cousins, ils sont également cancérogènes selon la dermatologue. «Ils peuvent s’attaquer à nos cellules souches, celles qui renouvellent l’épiderme».
Coups de soleil et crustacés
Bientôt l’été, la plage, le teint hâlé et… la peau grillée. Les coups de soleil, surtout s’ils ont été pris dans la période allant de la petite enfance à l’adolescence, prédisposent aux cancers de la peau à l’âge adulte.
Bienheureuses sont les peaux noires et mates, qui n’ont jamais vu (ou rarement) rougeoyer leur épiderme et prié le dieu de l’aloé vera. Pour autant, sont-elles à l’abri du cancer ? «A priori, oui. Elles sont davantage protégées car elles produisent davantage de mélanine, qui est un photo protecteur naturel.» Cela dit, elles peuvent être fragilisées et pour elles aussi la protection est indispensable. La dermatologue ajoute que plus une peau est foncée, moins elle supporte la chaleur du soleil. Les rayons infrarouges ne sont pas réfléchis comme sur les peaux claires, mais absorbés.
Toujours est-il qu’en cas d’exposition au soleil, surtout si vous avez la peau et les yeux clairs, il convient d’appliquer les règles de protection répétées chaque année: éviter la tranche 11h-16h, et surtout se couvrir: «Vêtements à manches longues, chapeaux à larges bords, c’est encore la meilleure solution» conseille Isabelle Gallay. Pour elle, se tartiner de crème solaire n’est pas forcément efficace: «Les filtres chimiques arrêtent les UVB, responsables des coups de soleil, mais laissent passer les UVA. Ils sont donc plutôt un leurre, même si on commence à trouver des produits qui stoppent aussi les UVA.»
Dans ma cabine UV(A)
Sujettes à polémique, les cabines UV permettent d’arborer une peau dorée avant l’été. Les UVB y étant interdits, il est impossible d’y attraper des coups de soleil. On y est bombardé d’UVA. Nos cellules s’en défendent grâce à la mélanine, provoquant le bronzage. Bémol, si les UVA sont moins dangereux que les UVB, ils sont délivrés en grande quantité: «Ils font monter la mélanine de manière très lente. Pour provoquer un véritable effet sur le hâle, la dose délivrée en cabine équivaut à un ensoleillement tropical» précise le Dr Gallay. Elle se montre catégorique: «si on peut éviter, c’est mieux». Si vous êtes accro à vos séances, n’oubliez pas de porter les lunettes fournies, afin d’éviter les risques de cataractes et de cécité.
Quid du port du string en cabine, préconisé pour les hommes par la dermatologue Claudine Blanchet-Bardo dans Le Parisien? Il permettrait d’éviter la transformation d’un papillomavirus inoffensif en cancer. Pour Isabelle Gallay, les UV réduisent l’efficacité de nos défenses immunitaires. A partir de là, si un virus se balade sur notre peau, où qu’il soit, il y a un risque qu’il soit "activé".
Les autres dangers du soleil
Cet affaiblissement de nos défenses immunitaires provoqué par le soleil peut aggraver des maladies pré existantes. Il peut également entraîner des allergies, des lucites, des lupus, et des héliodermies, autrement dit un vieillissement cutané prématuré: «les zones les plus touchées sont le visage, le cou, les fesses, les mains… A 50 ans, on a la peau d’une personne âgée» résume Isabelle Gallay.