SANTÉJ'ai testé pour vous: Jeûner pendant 24 heures

J'ai testé pour vous: Jeûner pendant 24 heures

SANTÉquoi ça sert, et surtout qu'est-ce que ça fait, de se priver de nourriture? «20 Minutes» a tenté l'expérience...
De l'eau au menu pendant 24 heures... J'ai testé le jeûne
De l'eau au menu pendant 24 heures... J'ai testé le jeûne - Jean Fortunet/Wikimédia
Mathieu Gruel

Mathieu Gruel

Me voilà donc privé de repas. Il est 9h20 ce jeudi, une étude sur le régime vient de paraître, et l’idée lumineuse jaillit. Est-ce que je vais maigrir si je ne mange rien pendant 24 heures? C’est donc décidé: jusqu’à mon prochain petit déjeuner, ce vendredi, je ne vais rien avaler à part de l’eau. C’est ce que l’on appelle le jeûne hydrique, le plus sévère.

Pas complètement fou, je contacte une bio nutritionniste ainsi qu’un coach sportif habitué à la diététique de l’effort. «A mon avis, vous n’allez pas perdre beaucoup… Il y aura plus ici une idée de détoxification. Et puis, vous risquez d’avoir quelques carences, en calcium, en vitamine ou en protéine», m’explique-t-il. Même pas peur. Et puis, j’ai un article à écrire, il faut bien que je jeûne, pas le choix. Je verrai bien si je tiens le coup.

Deux à trois litres d’eau

Premier constat, la matinée se passe sans encombre. Mais la pause de midi s’annonce délicate. Les fumets de pasta-box et autres petits plats réchauffés, qui embaument la rédaction, réveillent mon estomac. Je vais m'évanouir. Ou boire un coup d’eau, tiens. Guillaume, mon coach, m’a conseillé de boire beaucoup. «Peut-être deux à trois litres tout au long de la journée. Cela aura un effet coupe-faim.»

Vers 13h, les premiers grommèlements de ventre surviennent. Je reste derrière mon ordi, en évitant de regarder les collègues qui déjeunent. La journée va être longue. Mais Valérie Vidal, bio nutritionniste, avait prévenu: «Les premiers jours ne sont pas les plus drôles. Le corps va re-larguer beaucoup de toxines. Il se peut qu'il y ait des maux de têtes, des diarrhées...» Rassurant. Mais pour l’instant, rien de tout ça. J’ai juste faim.

Coca et boîtes de bonbons

Le premier gros coup de mou intervient vers 15h. Pas la motivation. Même plus envie de faire cet article. Et même pas la possibilité de prendre café ou thé, mon coach me l’a déconseillé. «Cela peut avoir un effet de mise en appétit. Il faut également éviter les sucres rapides, qui pourraient entraîner des coups de mou.»

Je vide ma bouteille d’eau et me concentre sur le boulot. Une fois les maux de ventre disparus, ça va beaucoup mieux. Vers 17h, mon collègue me tend des bonbons. Je reste placide. Même pas tenté. Pire, à voir les canettes de coca et boîtes de bonbons circuler, je me rends compte à quel point nous sommes sollicités toute la journée. Le pub TV pour un fastfood, qui agresse mes oreilles confirme cette sensation.

Défi personnel

Même un pot, organisé en début de soirée à la rédaction, n’entamera pas ma détermination. «Mais pourquoi tu fais ça? Un jour ça ne va rien te faire», me glisse un collègue. Heu… C’est vrai que l’aspect régime me semble être passé complètement au second plan. Et alors que les douleurs dans le ventre reprennent vers 19h30, je fais de cette expérience une sorte de défi personnel.

Vers 19h45, un SMS m’annonce que, pour m’aider dans mon entreprise, mon amie vient de manger avant moi. Soulagé, je me décide à quitter le bureau pour la rejoindre. Dans l’ascenseur, un homme croque dans sa baguette... J'hésite à l'agresser.

Réitérer l’expérience

Car une fois sorti du bureau, les tentations ressurgissent. La douceur de l’air invite à se vautrer en terrasse. Et celles que je croise sur ma route me narguent, avec leurs tables pleines de chips et de verres bien frais. J’opte pour le métro plutôt que l’apéro, et profite du trajet pour me préparer à aller faire les courses, pour mon petit déjeuner du lendemain. Dernier supplice avant de me cloîtrer chez moi, en attendant que ça passe.

Dans la soirée, les maux de ventre ont complètement disparu. Mais je suis pris d’un mal de tête vers 23h. A part ça, je me sens plutôt en forme et me dis que je pourrai réitérer l’expérience. «Une fois par semaine ou par mois, sur une courte période, cela peut effectivement présenter un intérêt», avait expliqué la bio nutritionniste.

Un kilo de moins

En attendant de remettre ça, la nuit sera moins sympa. Vers 5h, je suis réveillé par un mal au ventre. Cap sur les toilettes. La diététicienne avait donc vu juste? Après avoir réussi à me rendormir, c’est l’heure du verdict. Il est 8h20, la balance affiche 75kg. C'est un kilo de moins que le matin précédent. Mais bon, mon ventre sonne complètement creux. Il doit y avoir un lien de cause à effet.

Qu'importe! C'est d'humeur joyeuse et sans avoir vraiment faim, que je m'apprête à rompre mon jeûne. Me rappelant les conseils avisés de mon coach, j'opte alors pour «un petit déjeuner continental», pour reprendre l’alimentation en douceur. Pain complet, fromage, fruit, thé... En petites quantités et le tout avalé lentement. Comme si cet épisode de jeûne m'avait fait reprendre conscience de mon corps et de ses réels besoins. Au moins jusqu’au prochain écart.

>>Pour lire notre article «Jeûner pour maigir, fausse bonne idée?», c'est par ici