Nord. Le suicide d'un inspecteur du travail en voie d'être reconnu comme accident du travail
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Le suicide d'un inspecteur du travail du Nord va vraisemblablement être reconnu comme accident du travail, une commission ayant rendu jeudi un avis favorable à la démarche, a indiqué une source syndicale.
Une commission de réforme, instance de la Fonction publique chargée notamment d'examiner les cas de suicide, a rendu en fin de matinée à la préfecture un avis favorable par 4 voix pour et 2 abstentions, à la reconnaissance de la mort de Romain L., 32 ans, survenue le 18 janvier 2012, comme un «accident de service», équivalent de l'accident du travail pour les fonctionnaires.
«C'est une victoire amère»
Le ministre du Travail Xavier Bertrand s'était engagé à suivre l'avis de la commission. Il s'agit du deuxième cas dans cette administration. «C'est une victoire amère», a déclaré à l'AFP Jérôme Oriol, représentant syndical SUD, qui a dit que certains collègues étaient en pleurs à l'annonce de l'avis.
«Les collègues qu'on a perdus devraient être là, mobilisés avec nous, ils ne sont pas là, donc il y a vraiment une très forte émotion», a ajouté Jérôme Oriol. Avec une centaine d'agents de l'inspection du travail, il devait manifester devant la préfecture, où la décision devait initialement être rendue en début d'après-midi.
Une «politique du travail aveugle»
Romain L., sorti major de sa promotion d'inspecteurs du travail, avait obtenu son premier poste à Arras en mars 2010, «mais avait demandé sa mutation à Lille dans un contexte qu'il qualifiait de constat d'échec», selon Marc Corchand, membre du comité national du syndicat SUD-Travail.
Selon Marc Corchand, Romain L. avait adressé de nombreux courriels à sa hiérarchie et à ses collègues, dans lesquels il dénonçait ses conditions de travail. Jérôme Oriol a dénoncé jeudi matin une «politique du travail aveugle» et les baisses d'effectif, «en complet décalage avec la demande sociale».
Le 4 mai 2011, Luc B., inspecteur du travail dans les Hauts-de-Seine, s'était suicidé dans les locaux de l'administration centrale du Travail à Paris. Le 13 avril, le ministre du Travail Xavier Bertrand a annoncé que son suicide serait reconnu comme un accident du travail, ouvrant la voie à une indemnisation des familles.