Lycéenne tuée à Yssingeaux: Comment un homme sans antécédents peut-il passer à l'acte?
DÉCRYPTAGE•gé de 35 ans, le meurtrier présumé a avoué l'agression sexuelle et le meurtre de la lycéenne...Corentin Chauvel
C’est un homme de 35 ans qui a avoué mardi soir avoir tué la veille une lycéenne de 18 ans à Yssingeaux (Haute-Loire). La personnalité du meurtrier présumé est encore peu connue, tout juste sait-on qu’il est «plus ou moins forestier» et surtout qu’il n’avait aucun antécédent judiciaire et, pour le moment, psychiatrique.
Ce dernier facteur n’est de toute manière pas nécessaire avant de passer à l’acte. «Tout un chacun a des pulsions sexuelles ou agressives qui peuvent amener à des comportements criminels et anormaux», explique à 20 Minutes Gérard Schmit, président de la Fédération française de psychiatrie. «On construit une dichotomie entre les gens normaux et les malades mentaux, mais nous sommes tous des sujets potentiellement dangereux, les malades mentaux n’ont simplement pas les mêmes dispositions», ajoute-t-il.
«Ce sont des cas ponctuels»
Pour Gérard Rossinelli, président de l'Association nationale des psychiatres experts judiciaires (Anpej), ce genre de crime n’est pas fréquent. «Ce sont des cas ponctuels», indique-t-il à 20 Minutes, précisant toutefois l’avoir rencontré plusieurs fois. Le psychiatre raconte être intervenu dernièrement sur une affaire dans laquelle, après une soirée bien arrosée, un homme a gravement blessé son meilleur ami d’un coup de couteau dans l’abdomen.
«C’est le cas d’une tentative d’assassinat sans antécédents, l’alcool a libéré les pulsions destructrices de l’agresseur qui a déclaré avoir honte et ne pas comprendre son geste», précise Gérard Rossinelli. «Il n’est pas exceptionnel que l’acte inaugural d’un criminel soit meurtrier, il n’y a pas forcément une escalade», ajoute-t-il.
«Un acte isolé qui n’a rien de prémédité»
Dans le cas de la lycéenne d’Yssingeaux, le procureur de la République a indiqué ce jeudi qu’il y avait eu «un viol aggravé» après que l’homme ait ramené la victime chez lui. «On peut penser qu’il y a eu une situation de rapprochement, puis un désir, un comportement de séduction de la part de l’homme, qui s’est poursuivi par de la colère ou de la haine», analyse Gérard Schmit. Le meurtrier présumé était par ailleurs sous l’emprise de stupéfiants, après avoir consommé une grande quantité de cannabis.
En dehors des troubles mentaux, cet état d’imprégnation d’alcool ou de stupéfiants et la désinhibition qui l’accompagne est ainsi souvent un facteur déterminant dans le déclenchement d’un crime. Pour Sylvianne Spitzer, criminologue et profileuse, il s’agit également d’un «dérapage complètement imprévu, un acte isolé qui n’a rien de prémédité»: le meurtrier présumé «a cru que tout allait se passer facilement, il était passablement excité et il n’a pas pu se contrôler. De plus, après un viol, la volonté de tuer n’est pas toujours là.»
«Il est difficile de déceler qui va disjoncter»
«On voit qu’il n’est pas non plus à l’aise dans le mode opératoire après son crime qu’il n’a pas camouflé, il a enterré le corps de la victime parce qu’il ne savait pas trop quoi en faire, il est parti du principe qu’on allait le retrouver», estime encore la criminologue, contactée par 20 Minutes. La prévention de ce type de passage à l’acte est d’autant plus complexe à prévenir.
«Il est difficile de déceler qui va disjoncter», souligne Gérard Schmit, pour qui la seule prévention «est dans l’avertissement de ne pas se mettre dans des situations dangereuses.» On ne sait pas encore si la lycéenne a effectivement accepté de son plein gré de se rendre chez son agresseur, qu’elle ne connaissait que depuis quelques jours, mais «il s’agit d’une problématique constante rencontrée chez les jeunes adultes», conclut Sylvianne Spitzer.