DÉCRYPTAGETrente ans d'Amandine: Comment ça se passe une fécondation in vitro?

Trente ans d'Amandine: Comment ça se passe une fécondation in vitro?

DÉCRYPTAGErente ans après la naissance du premier «bébé éprouvette» français, plus de 12.000 bébés naissent grâce aux techniques de fécondation in vitro chaque année en France. «20 Minutes» vous explique en quoi consiste ce procédé...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

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Une fécondation in vitro, c’est quoi?

La fécondation in vitro, communément appelée FIV, est une technique qui consiste à mettre en contact un spermatozoïde et un ovule, hors de l'appareil reproducteur féminin, en laboratoire («dans un tube», le latin in vitro signifiant «dans le verre»).

Qui est concerné?

La FIV est réservée à des cas précis d’infertilité masculine ou féminine. A l’origine, en 1982, la FIV a été mise au point pour permettre aux femmes dont les trompes de Fallope étaient altérées de concevoir. Mais depuis, les cas où la FIV est indiquée ont évolué (anomalies du spermogramme, endométriose, causes inexpliquées d’infertilité).

Les couples présentant une infécondité masculine (faible concentration voire absence complète de spermatozoïdes dans le sperme) peuvent avoir recours à une «FIV assistée». Cette technique, qui existe depuis le début des années 90, consiste à réaliser une micro-injection d’un spermatozoïde dans un ovocyte (ICSI - Intracytoplasmic Sperm Injection) au cours d’une fécondation in vitro.

Quelles sont les différentes étapes du procédé?

Il y a trois grandes étapes: le recueil des cellules sexuelles (gamètes) mâles (spermatozoïdes) et femelles (ovocytes), la fécondation et le transfert des embryons. Pour recueillir les ovocytes, la grande majorité des FIV sont réalisées après une stimulation ovarienne grâce à des hormones: le cycle de la future mère est stimulé pour obtenir non pas un mais plusieurs ovocytes par cycle. Ces hormones sont injectées quotidiennement durant deux à cinq semaines. La stimulation ovarienne de la future mère est surveillée («monitorage») via des échographies ovariennes et des dosages sanguins pour éviter une stimulation excessive («hyperstimulation maligne») qui peut être grave.

L’ovulation est ensuite déclenchée par l’injection d’une hormone, la gonadotrophine chorionique. Trente-six heures après cette injection, les follicules ovariens sont ponctionnés, généralement sous anesthésie locale. Le médecin récupère le liquide folliculaire pour y trouver les ovocytes matures nécessaires à la fécondation.

Pour recueillir les spermatozoïdes, l’opération est plus simple. Le futur père doit observer une abstinence de trois jours avant la FIV afin d’obtenir un sperme de bonne qualité, puis le recueil se fait le jour de la FIV par masturbation au laboratoire. Les spermatozoïdes peuvent dans certains cas être prélevés par ponction ou directement par biopsie dans les testicules. Le biologiste sélectionne ensuite les spermatozoïdes les plus mobiles, puis en dépose entre 10.000 et 100.000, selon la technique utilisée, dans le milieu de culture, dans une boîte en verre, où a été placé chaque.

Ces boîtes sont placées dans un incubateur à 37°. C’est 48 heures après, que le médecin peut connaître le nombre d’embryons obtenus. Les embryons peuvent alors être immédiatement transférés dans la cavité utérine, ou sont laissés en culture in vitro pendant un à quatre jours supplémentaires («coculture»), pour permettre une meilleure sélection des embryons et favoriser les chances de grossesse.

En général, deux embryons, contenus dans une très petite quantité de liquide, sont ensuite transférés dans la cavité utérine de la future mère à l’aide d’une simple seringue. Un test de grossesse est réalisé une douzaine de jours plus tard. Si, après le transfert, il reste des embryons au laboratoire, le couple peut décider, s’ils sont de bonne qualité, de les congeler.

Pourquoi la procréation médicalement assistée fait-elle polémique?

C’est surtout le diagnostic pré-implantatoire (DPI) qui peut poser certains problèmes éthiques. Il a lieu durant la période de «coculture» et permet de réaliser des tests génétiques sur les embryons en cours de développement. Ce DPI s'adresse aux «couples à risque génétique élevé», c’est-à-dire dont la descendance a un risque important de maladie génétique grave.

Il permet de fournir un diagnostic précoce et d’éviter une interruption médicale de grossesse (IMG) dans le cas où le foetus est atteint d’une anomalie - la ponction de trophoblaste (tissu embryonnaire qui évolue pour donner le placenta) ou l’amniocentèse (ponction de liquide amniotique) étant pratiquée après le début de la grossesse dans l’utérus. Car, s’il permet de détecter des maladies d’une grande gravité, incurables, et qui souvent amènent à la mort précoce de l’enfant, les observateurs craignent des dérives eugéniques, liées aux études sur l’embryon. En effet, le diagnostic pré-implantatoire rend le «tri» des embryons possible.