Affaire Bettencourt: Pour Eric Woerth, il n'y a «aucune preuve» contre lui
JUSTICE•L'ancien ministre, mis en examen, «conteste tous les faits» qui lui sont reprochés dans une interview au «Figaro»...Nicolas Beunaiche
«Je n'ai pas peur, car j'ai la conscience tranquille.» Si l’heure n’est pas encore au procès pour Eric Woerth, l’ancien ministre du Budget a déjà une ligne de défense bien définie. Mis en examen mercredi pour «trafic d’influence passif» et jeudi pour «recel» visant un possible financement illicite de parti politique, il évoque dans une interview au Figaro «une expérience douloureuse et éprouvante», mais ne dévie pas d’un iota de la version qu’il donne publiquement depuis la parution dans la presse d’informations mettant en cause son rôle dans le volet politico-financier de l’affaire Bettencourt. «D'une manière générale, je conteste tous les faits qui me sont reprochés. Il n'y a aucune preuve contre moi d'une quelconque culpabilité», explique ainsi Eric Woerth.
Woerth nie tout mouvement de fonds suspect
Suspecté d’avoir reçu de l’argent de Claire Thibout, ancienne comptable de Liliane Bettencourt, dans le but de financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, l’ex-membre du gouvernement Fillon explique au quotidien que le juge «met en relation des faits qui n'ont rien à voir entre eux». «Mme Thibout reconnaît elle-même n'avoir assisté à aucun échange d'argent me concernant. On exige de moi d'apporter la preuve de ce qui n'existe pas. C'est mission impossible», ajoute-t-il.
Ses rencontres avec Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt? De «banales» discussions autour d’un café pour parler de sujets tout aussi innocents. Les mouvements de fonds vers les comptes étrangers de l’héritière de L’Oréal, avérés par une commission rogatoire suisse? «Rien ne me met en cause en ce qui concerne ces comptes», répond Woerth.
Le soutien téléphonique de Sarkozy et Fillon
Au sujet de l’accusation de «trafic d'influence passif», qui vise l’embauche de sa femme par de Maistre chez Clymène, la société de gestion de la fortune de Liliane Bettencourt, Eric Woerth est tout aussi définitif. Interrogé sur la causalité éventuelle entre cette embauche et la Légion d’honneur décernée à l’homme de confiance de l’octogénaire, le député-maire assure qu’«il n'y a aucun lien». «Je répète que je n'ai jamais demandé à quiconque d'embaucher ma femme. Elle aurait détesté que je me mêle de sa carrière», justifie-t-il.
L’enquête pourrait durer plusieurs mois. Pour rappel, Eric Woerth risque dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende. En attendant, ce fidèle de Nicolas Sarkozy assure qu’il va «participer à la campagne comme parlementaire et membre du comité de riposte de l'UMP». Un chef de l’Etat qui l’a d’ailleurs témoigné de son soutien par téléphone en début de semaine, comme François Fillon.