Interdiction de fumer dans les lieux publics: Un succès qui se consume à petit feu
SOCIETE•La loi est largement appliquée, mais les contrôles laissent à désirer...Corentin Chauvel
Cinq ans après la mise en vigueur de l'interdiction de fumer dans les lieux publics fermés, son application est un «énorme succès» selon les associations anti-tabac qui déplorent cependant un laisser-aller dans le contrôle.
«Au début, c’était complètement fantastique», raconte à 20 Minutes Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français du tabagisme (OFT). «Les Français sont admirables, ils l’ont appliqué à merveille, il y a eu une bonne adhésion», ajoute-t-il, enthousiaste. Pourtant, le temps passe et Bertrand Dautzenberg constate «un peu de relâchement» et «cela commence à déraper».
«64% des Français exposés à la fumée de tabac dans un lieu protégé»
Commanditée par l’association Droits des non fumeurs (DNF), une enquête Harris Interactive effectuée en décembre dernier a confirmé en partie «ses observations quant à l’augmentation des infractions dans les lieux protégés de la fumée de tabac». «Les résultats de cette enquête sont alarmants, notamment pour l’entreprise. En général, 64% des Français ont été exposés à la fumée de tabac dans un lieu protégé du tabac», précise l’association.
Dans les détails, le sondage révèle que 60% des personnes interrogées ont été en contact avec la fumée du tabac dans les terrasses de cafés ou restaurants (32% à l’intérieur) au cours des six derniers mois, 44% sur les quais de gare, 36% sur leur lieu de travail et 20% dans les transports en commun.
«En France, les comportements ne changent pas facilement, tout au plus agit-t-on par la peur du gendarme. Mais il faut dire qu’en matière de tabac, le gendarme est aux abonnés absents, qu’il s’agisse de la police, des inspecteurs du travail, des inspecteurs du génie sanitaire, ou de tout agent habilité à contrôler», déplore ainsi DNF. «Il y a eu des centaines de contrôles les premiers mois de l’interdiction puis plus rien», renchérit Bertrand Dautzenberg qui presse régulièrement le ministère de la Santé à ce sujet.
«Extrêmement positif pour le tabagisme passif»
«Vingt-six millions de PV sont distribués chaque année pour 4.000 tués sur les routes alors qu’il y en a très peu pour les fumeurs qui sont 60.000 par an à décéder des conséquences du tabac», insiste le président de l’OFT. Il préconise ainsi «quelques sanctions pour que ce soit bien appliqué, pour qu’on sache que la loi est respectée et qu’il y a des contrôles». Par exemple, «ils ne sont pas assez fréquents dans les gares ou les stations de métro, où les affiches et les appels au micro ne suffisent pas», illustre encore Bertrand Dautzenberg.
Le bilan reste tout de même globalement «formidable» pour les associations. «Cela a été extrêmement positif pour le tabagisme passif, ça a changé les choses et même les fumeurs trouvent cela bien et plus agréable, certains ne fumant plus chez eux par exemple», conclut le président de l’OFT.
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