INTERVIEWEasyjet condamnée pour discrimination: «Les handicapés ne se mettraient pas sciemment en danger»

Easyjet condamnée pour discrimination: «Les handicapés ne se mettraient pas sciemment en danger»

INTERVIEWLe président de l'Association des paralysés de France se réjouit de la condamnation de la compagnie à bas coût...
Propos recueillis par Enora Ollivier

Propos recueillis par Enora Ollivier

EasyJet a été condamnée ce vendredi par le tribunal correctionnel de Bobigny à une peine de 70.000 euros pour discrimination, après avoir interdit à trois personnes handicapées d’accéder à leurs avions. Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France (APF), qui s’était portée partie civile dans cette affaire, réagit.

Comment accueillez-vous le verdict rendu par le tribunal de Bobigny?

C’est une excellente nouvelle, pour l’ensemble des personnes en situation de handicap. Désormais, on pourra plus difficilement leur opposer un refus pour l’accès à des avions.

La compagnie invoquait des problèmes de sécurité pour justifier leur refus d’embarquer les personnes handicapées seules…

Il ne s’agit pas du tout d’un problème de sécurité. Easyjet n’a même pas pris la peine d’écouter les personnes qui voulaient monter dans l’avion. Sur les trois plaignants, deux étaient des champions handisport! Ils auraient donc été tout à fait capables d’évacuer l’appareil, seuls, en cas de souci. Il faut arrêter de décréter à la place des autres ce qui est bon pour eux. Les personnes en situation de handicap ne se mettraient pas sciemment en danger.

Ce type de plainte est-il fréquent?

Nous avons un certain nombre de remontées sur des problèmes de ce type, y compris au sujet d’autres compagnies. Un nouveau procès sur un cas similaire aura d’ailleurs lieu dès le mois prochain. Mais les choses évoluent. En 2010, trois ministres avaient réuni l’ensemble des transporteurs [après qu’une femme paraplégique s’était fait débarquer d’un avion] pour leur dire que la situation était inadmissible. Et Easyjet a modifié sa procédure, avant même de connaître le verdict; ce type de problèmes ne devrait donc plus se produire.

Vous pensez que cette décision fera jurisprudience?

On l’espère. L’avocat de la compagnie attend de lire les motivations du tribunal [qui devraient être connues la semaine prochaine] avant de décider s’il fait appel ou non. Mais ce serait mieux pour tout le monde que cela n’arrive pas, ce serait ça fair-play de leur part.