Deux légistes accusés d'« atteintes » aux cadavres

Deux légistes accusés d'« atteintes » aux cadavres

Justice Deux praticiens cités à comparaître devant le tribunal de Béthune
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Les témoignages versés au dossier évoquent des défunts

« dépecés comme des bêtes » et des organes « jetés dans des sacs-

poubelle ». Deux médecins légistes qui travaillaient à Lens (Pas-de-Calais) sont cités à comparaître aujourd'hui devant le tribunal de Béthune pour « atteinte à l'intégrité d'un cadavre ».

Les corps n'ont pas été recousus
Pour le moins inhabituelle, la procédure rassemble, aujourd'hui, une vingtaine de familles. C'est celle de Betty Louvrié qui a alerté les autorités en juin 2008. « Ma femme souffrait d'une psychose inguérissable, explique Hervé, son époux. Elle s'est suicidée en avalant un produit corrosif. Après l'autopsie, on m'a refusé de voir le corps. Le cercueil était déjà scellé. Finalement, c'est l'agent des pompes funèbres qui a avoué ce qu'il s'était passé. » Devant les enquêteurs, cet agent a ainsi raconté que le corps de la défunte « n'avait pas été recousu » et que ses organes avaient été « déposés dans le cercueil sur ses pieds, dans un sac plastique noir ». Une version que réfute Vincent Potié, l'avocat des médecins légistes. « On tente de faire croire que mes clients ont massacré des cadavres. Mais je n'ai pas encore vu l'ombre d'une preuve… »

Une spécialité en fac de médecine
Président de la Collégiale des médecins légistes français, Patrick Chariot sait bien que l'autopsie est un sujet extrêmement délicat dans sa profession. « Il y a sans doute eu des dérives par le passé. Mais aujourd'hui, il ne devrait plus y en avoir. » Et encore moins à l'avenir. D'après ses informations, une spécialité « légiste » pourrait même être bientôt créée en faculté de médecine. « C'est un métier qui demande du respect et un peu d'expérience, poursuit-il. Le corps doit être reconstitué à l'identique. Les incisions recousues sans traces de sang. Ce travail doit servir à la justice, mais aussi à la famille. » Aujourd'hui, les deux seront réunies au tribunal de Béthune.