JUSTICEAffaire Bettencourt: François-Marie Banier est arrivé à Bordeaux, où il doit être mis en examen

Affaire Bettencourt: François-Marie Banier est arrivé à Bordeaux, où il doit être mis en examen

JUSTICEIl est accompagné de son compagnon, Martin d'Orgeval...
© 2011 AFP

© 2011 AFP

Le photographe François-Marie Banier et son compagnon Martin d'Orgeval, qui ont pendant des années bénéficié de largesses de l'héritière de l'Oréal Liliane Bettencourt, sont arrivés ce mercredi après-midi à Bordeaux pour être mis en examen par le juge Jean-Michel Gentil.

Après avoir passé deux nuits dans des cellules dites «VIP» à la maison d'arrêt de la Santé, à Paris, ils sont arrivés à Bordeaux à 12h50 par avion d'Air France, apparemment menottés et encadrés de six gendarmes, avant d'être conduits au Palais de Justice dans une fourgonnette toutes sirènes hurlantes. Ils devront répondre des cadeaux reçus à partir de septembre 2006, date du début des faits sur lesquels porte l'information pour «escroquerie, abus de confiance, blanchiment, abus de faiblesse et recel au préjudice de Mme Liliane Bettencourt» dans laquelle ils sont poursuivis.

Ils auraient reçu respectivement 103 et 23 millions d'euros

On leur reproche d'avoir reçu respectivement 103 et 23 millions d'euros de l'héritière de L'Oréal, âgée de 89 ans, rapportent Le Monde et RTL, somme jugée «vraisemblable» par l'entourage de François-Marie Banier. Les 103 millions seraient composés d'une assurance-vie Abeille Vie de 80 millions d'euros, d'une somme de 10 millions d'euros et de 9,9 millions d'euros d'objets d'art. Ils comptent affirmer que ces cadeaux avaient été faits de plein gré.

Or, l'expertise médicale réalisée sur l'octogénaire le 7 juin à son domicile de Neuilly par cinq experts accompagnés du juge Gentil a conclu que Mme Bettencourt présentait «une maladie d'Alzheimer à un stade modérément sévère avec une possible participation vasculaire», et qu'elle était la proie d'un «processus dégénératif cérébral lent et progressif». Les cadeaux reçus dans ces conditions auraient donc pu être extorqués à la vieille dame.

François-Marie Banier avait cru échapper à la justice quand la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, qui avait porté plainte contre lui pour abus de faiblesse en 2007 - après qu'il eut reçu de la milliardaire des dons ou promesses de dons à hauteur de quelque un milliard d'euros - avait abandonné sa plainte en décembre 2010, dans le cadre d'une réconciliation avec sa mère. Il avait alors renoncé à plus de la moitié de ces dons, dont les assurances-vie, tout en gardant environ 300 millions d'euros de cadeaux divers, et le parquet de Bordeaux avait tout d'abord choisi de ne pas le poursuivre.

Une audition assez courte

Mais le parquet s'est ravisé fin septembre au vu des résultats alarmants d'une expertise médicale réalisée sur Liliane Bettencourt, et avait ouvert l'information qui vise notamment François-Marie Banier. Les résultats de cette expertise avaient également conduit le juge des tutelle de Courbevoie à mettre Liliane Bettencourt sous tutelle le 17 octobre dernier. La milliardaire a fait appel de cette décision, et l'appel sera examiné mercredi également, par la cour d'appel de Versailles.

On paraissait s'orienter mercredi vers une audition assez courte, les avocats de François-Marie Banier et Martin d'Orgeval n'ayant pas encore pris pleinement connaissance du dossier. Ces mises en examen, les premières dans cette affaire, interviennent presqu'un an jour pour jour après que les juges d'instruction eurent été saisis, le 17 décembre 2010, et le même jour que l'examen par la cour d'appel de Versailles de l'appel formé par Mme Bettencourt contre sa mise sous tutelle, le 17 octobre.

On ignore si le juge Gentil placera François-Marie Banier en détention provisoire. Toujours est-il que, par précaution, celui-ci a fait demander mardi à sa secrétaire, depuis la prison de la Santé, de lui envoyer un mandat de 1.500 euros, a appris l'AFP. Arrivés sans un sou à la Santé lundi soir, François-Marie Banier et Martin d'Orgeval ont reçu les vingt euros réglementaires attribués aux détenus désargentés, avec lesquels ils ont "cantiné" des madeleines et de l'eau minérale, a appris l'AFP.