Michel Taubmann sur l'affaire DSK: «Mon rôle est d'approfondir toutes les pistes, y compris celle d'une machination politique»
INTERVIEW•L'auteur d'une contre-enquête sur l'affaire DSK nie avoir été désavoué par l'ex-directeur du FMI...Propos recueillis par Enora Ollivier
Dans Affaires DSK, Michel Taubmann livre une enquête sur les accusations de viol qui pèsent sur Dominique Strauss-Kahn après la fameuse journée new yorkaise du 14 mai 2011 et le scandale de la suite 2806 du Sofitel. L’auteur de l’ouvrage reprend implicitement la thèse du journaliste américain Edward Epstein, qui a dernièrement évoqué la possibilité d’un complot politique derrière ces événements. Jeudi, jour de la parution du livre, l'ex-directeur du FMI a fait savoir par communiqué que les différents écrits le concernant «ne l’engageaient pas» et qu’il «réservait (ses) explications à la justice, qu’elle soit française ou américaine».
Dominique Strauss-Kahn a publié jeudi un communiqué pour indiquer qu’il n’était «engagé ni par les écrits, ni par les déclarations ou témoignages de quiconque, souvent inexacts». Comment réagissez-vous?
Je suis surpris qu’on soit surpris! Le communiqué dit simplement que ce n’est pas Dominique Strauss-Kahn qui a écrit le livre, mais Michel Taubmann, ce qui est vrai.
On a confondu deux choses: Les déclarations exclusives que j’ai recueillies auprès de Dominique Strauss-Kahn – et qu’il ne nie d’ailleurs pas – et l’enquête que j’ai écrite. DSK n’est pas engagé par les thèses que je développe.
Avez-vous parlé à Dominique Strauss-Kahn depuis la publication du livre?
Oui. Il m’a appelé après avoir lu le livre. Il m’a dit: «Je vous remercie car vous me défendez, mais vous allez très loin dans votre enquête et je ne veux pas en porter la responsabilité. Mes avocats ne veulent pas qu’il y ait de l’interférence entre votre travail de journaliste et la procédure. » Mais nous ne nous sommes pas fâchés.
Pourquoi selon vous les avocats de DSK sont gênés par votre thèse?
Nous n’avons pas les mêmes rôles. Le leur, c’est de défendre leur client et de l’innocenter des accusations de viol. Le mien, en tant que journaliste indépendant, c’est d’essayer d’approfondir toutes les pistes y compris celle d’une éventuelle machination politique.
Mais soyons clairs: je défends DSK parce que je crois à son innocence, mais si lors de mon enquête, j’avais trouvé des éléments démontrant que c’est un violeur, je les aurais publiés aussi.
Des détracteurs pointent des lacunes dans votre enquête, notamment le fait que vous n’ayez pas interrogé Nafissatou Diallo, ou ses avocats…
Que dire alors des journalistes qui ont écrit des milliers d’articles sur Dominique Strauss-Kahn sans le rencontrer? Je n’ai effectivement pas vu Nafissatou Diallo mais je donne dans mon livre sa version des faits in extenso. De toute façon, elle ne m’aurait pas dit grand-chose de plus que la version qu’elle a déjà livrée, via ses avocats. Et l’intérêt de mon livre réside dans l’enquête que j’ai effectuée, qui apporte des éléments inédits. Parlons de ce qu’il y a dans mon livre, pas de ce qui n’y figure pas.