REVUE DE PRESSEMeurtre d'Agnès: Engager une «réflexion approfondie» plutôt qu'«ajouter la loi à la loi», selon la presse

Meurtre d'Agnès: Engager une «réflexion approfondie» plutôt qu'«ajouter la loi à la loi», selon la presse

REVUE DE PRESSEPour les éditorialistes, «aucune nouvelle loi ne viendra jamais à bout des fautes humaines»...
© 2011 AFP

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La plupart des éditorialistes doutent ce mardi que voter une loi en urgence réponde de manière satisfaisante à l'émotion suscitée par le meurtre d'Agnès, la collégienne du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), et appellent à une réflexion posée, loin de toute «récupération», sur le suivi des criminels.

«Aucune nouvelle loi ne viendra jamais à bout des fautes humaines»

Dans La Croix, Dominique Quinio se demande «comment tenir l'équilibre» entre «deux impératifs», «protéger l'innocence et permettre aux criminels de parcourir un chemin de reconstruction». «Non pas dans l'urgence, au détour d'une affaire particulièrement douloureuse, dans un décret ou une loi vite bâtis, mais dans une réflexion approfondie et continue, et des procédures minutieuses, rigoureuses», répond l'éditorialiste du quotidien catholique.

Pour Yves Thréard, du Figaro, «jamais Agnès n’aurait dû croiser le chemin de son assassin du collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon» en raison de la mise en examen du jeune homme de 17 ans dans une autre affaire de viol sur mineure. Mais «aucune nouvelle loi, aucune réforme ne viendra jamais à bout des négligences, des erreurs, des fautes humaines», ajoute l'éditorialiste du quotidien conservateur.

«Le gouvernement ne fera qu’ajouter la loi à la loi»

«Le pire», pour Francis Brochet du Progrès, «de laisser penser qu'une loi ou un décret permettra d'empêcher que, demain, d'autres parents pleurent leur enfant victime des actes de violence d'un autre mineur». «En disant vouloir légiférer sur l’évaluation de la dangerosité, le gouvernement ne fera qu’ajouter la loi à la loi», s'inquiète Jacques Camus dans La République du Centre, qui rappelle que «sept ont été votées en urgence en moins de cinq ans».

Cet éditorialiste résume la pensée de nombre de ses confrères en soutenant que «cette méthode n’est pas bonne» et qu'«en matière de délinquance et de récidive, s’imposent une réflexion en amont et une évaluation dans le temps». L'important est d'«exclure toute "instrumentalisation" au service de la politique ou contre une corporation», insiste d'autre part Chantal Didier dans L'Est républicain.

«Nous allons entrer dans la partie poisseuse de la politique»

«Messieurs Dames les politiques, vous êtes prompts à appeler les médias à plus de retenue, souvent à raison, mais parez-vous aussi du costume vertueux de la pudeur quand c'est nécessaire», lance David Guévart du Courrier picard. Bruno Dive (Sud-Ouest) salue toutefois la «retenue de bon aloi» du monde politique et notamment du chef de l'Etat: «Nicolas Sarkozy a évité cette fois d'intervenir à brûle-pourpoint comme dans les drames précédents».

Le Républicain lorrain, sous la plume de Philippe Waucampt, retient également «la réaction mesurée des porte-paroles de François Hollande». Daniel Ruiz, de La Montagne, ne se fait cependant guère d'illusion et, «passée la compassion, nous allons entrer dans la partie poisseuse de la politique et dans le durcissement contre la justice avec l’arrière-pensée de ratisser dans les 20 % de voix frontistes annoncées».