Carlos: Le Chacal, terroriste et «révolutionnaire de profession»
PORTRAIT•Comment le révolutionnaire romantique s'est mué en terroriste sanguinaire...Julien Ménielle avec Reuters
«Je me prénomme Ilich, comme l'homme de la révolution russe (...) Je suis révolutionnaire de profession.» La silhouette s’est empâtée, le cheveu corbeau a blanchi, mais Carlos n’a rien perdu de sa verve. Ainsi s’est présenté le Vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, ce lundi devant la cour d'assises de Paris à l’heure de son procès pour quatre attentats qui ont fait onze morts et près de 200 blessés entre 1982 et 1983.
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Fils d’un riche avocat vénézuélien, Ilich Ramirez Sanchez est bercé par ce dernier au militantisme communiste. Elevé au biberon de la révolution et formé à l’école de la guerilla version Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Ilich devient Carlos en rejoignant cette organisation en 1973 à l’âge de 24 ans. Il se rêve alors en Che Guevara, auquel il emprunte le bérêt et l’apparence le temps d’une prise d’otage à Alger, en 1975.
Du Che au Chacal
Mais très vite, Carlos devient le Chacal. De tentatives d’assassinats en attentats à la bombe, le révolutionnaire sème la mort aux quatre coins de l’Europe, et notamment en France. Entre le 29 mars 1982 et le 31 décembre 1983, Carlos est accusé d'avoir organisé des attaques à l’explosif contre le train Capitole Paris-Toulouse (5 morts, 77 blessés), le siège du journal El Watan de la rue Marbeuf à Paris (un mort, 63 blessés), dans le TGV près de Tain-l'Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille (5 morts et 50 blessés au total).
Après ces deux premiers attentats, Carlos réclame notamment la libération de son homme de confiance, Bruno Breguet, et de sa compagne, Magdalena Kopp. Cette dernière le rejoindra à Damas, en Syrie, en 1985, après sa libération. Le couple donnera naissance un an plus tard à une fille, Rosa. Mais en 1991, Carlos est déclaré indésirable en Syrie. Il s’expatrie vers le Soudan, et envoie femme et enfant dans sa famille au Vénézuela.
Son avocate, épousée en prison
En 1994, le Chacal est arrêté au Soudan, et remis au renseignement français avant d’être extradé. Depuis, Carlos purge une peine de prison à perpétuité prononcée en 1997 pour les assassinats de deux policiers français de la DST et leur informateur, en 1975 à Paris. Actuellement détenu à la prison de Poissy, il fait parler de lui à l’occasion de la sortie d’une série sur son épopée, au détour des interviews qu’il accorde à la presse, ou dans les salles des tribunaux.
Son nom a en effet été évoqué par Dieudonné à l’occasion du procès de deux détenus de la prison de Poissy qui comparaissent pour outrage à l’encontre de Rachida Dati après avoir revendiqué la paternité de la fille de cette dernière. L’humoriste, qui a choisi Carlos comme parrain d’une de ses filles, est de nouveau intervenu ce lundi, à l’ouverture du procès, affirmant que les faits étaient trop anciens et qu'on devait laisser l'accusé rentrer chez lui. A Isabelle Coutant-Peyre, avocate du Chacal qu’elle a épousé en prison, de trouver d’autres arguments avant le 16 décembre.