Tristane Banon, l'«homme-babouin» et le «bal des hypocrites»
LIVRE•La jeune femme publie un ouvrage dans lequel elle se raconte et règle ses comptes, sans jamais nommer personne...Julien Ménielle
Lui, l’homme-babouin. Elle, fille du silence. Jamais Tristane Banon ne nomme Dominique Strauss-Kahn dans le livre qu’elle publie ce jeudi. Sans doute parce qu’il n’est pas l’invité principal de son Bal des hypocrites. Car au bal des hypocrites, ce sont tous les autres -journalistes, politiques, anonymes- qui dansent, et Tristane Banon qui règle ses comptes.
Si DSK est cité, c’est dans les messages que la jeune femme dit avoir reçu sur Facebook, qu’elle retranscrit et dont les auteurs, comme tous les protagonistes de l’ouvrage, n’ont pas de nom. Tristane Banon préfère les faits aux noms. Elle raconte le tourbillon dans lequel elle évolue depuis le début de l’été, et «l’Affaire» qui a remis la sienne sur le devant de la scène médiatique.
«Depuis huit ans, l’homme-babouin est mon psoriasis»
«Personne ne réalise que «l’Affaire», c’est juste une vie qu’on a jetée à la poubelle», écrit-elle, décrivant la folie qui l’a entourée après l’arrestation de l’«homme-babouin» à New-York. La médiatisation qui l’a contrainte à déménager, raconte-t-elle, et qui a eu raison de sa messagerie et de son courage.
«Je me sens un peu responsable de sa vie gâchée», reconnaît Tristane Banon au sujet de celle que le «babouin» a «abîmée» à New-York. Mais aux féministes qui clament à la télé qu’elle doit à toutes les femmes de porter plainte, elle répond: «Pardon, mais non, je ne vous dois rien, rien du tout, rien à personne».
A l’origine de ces remous, «il y a eu cette émission, aussi, c’était il y a quatre ans et l’alcool m’avait débridée. J’avais enfin parlé mais j’avais trop souri en le faisant», se souvient-elle à propos de sa participation à un programme de Thierry Ardisson. «Depuis huit ans, l’homme-babouin est mon psoriasis, ma dartre, maladie qui vous colle à la peau et se réveille quand on ne l’attend plus», ajoute pourtant Tristane Banon.
La chute de «l’ancien gros»
Rares sont ceux qui trouvent grâce aux yeux de la jeune femme. «Maman parle. Maman parle beaucoup, maman parle trop. (…) Arrête, maman, arrête, je t’en prie, tout ça ne va pas m’aider». Voilà pour Anne Mansouret. Quant à «cet homme-là», politique du même bord que le «babouin» et qui l’aurait encouragée à porter plainte, il l’a déçue, affirme-t-elle.
«Huit ans durant, j’ai cru qu’une autre politique était possible grâce à cet homme-là. Il était mon héros. Il n’avait pas vraiment de charisme, pas franchement de prestance, je lui disais l’allure d’un poulpe, mais c’était un homme brillant et bon, et c’était encore le plus important. Il était droit, intègre. Je croyais encore très fort en ça», écrit Tristane Banon.
David le sauveur
Mais le jour où l’arrestation est annoncée, elle se souvient de son amertume: «L’ancien gros a pris de la hauteur. Il s’est glissé dans un costume de presque président. Il dit qu’il pense à «l’homme» et là je pense qu’il oublie babouin… l’homme-babouin.» En comparaison, l’épouse de son agresseur aurait presque droit à son indulgence: «Dans une autre vie, je sais que cette femme a été intelligente. Et puis elle l’a rencontré, il l’a séduite. Elle n’a pas vu, pas voulu voir le babouin derrière l’homme.»
Mais au bal des hypocrites, Tristane Banon a un chaperon. David apparaît page 19, tel un super héros qui «la sauve», «veille sur elle» et qui pour elle a déjà triomphé de Goliath. David, c’est David Koubbi, son avocat. Son avocat qui a dû, ce jeudi-même de la parution de l’ouvrage, venir expliquer que le classement sans suite de sa plainte était «une première victoire».