Les contes des mille et un jouets du Grand Palais à Paris
De la poupée antique aux Teletubbies en passant par l'Aston Martin du prince Andrew, mille jouets investissent le Grand Palais à Paris à partir de mercredi pour émerveiller, mais aussi susciter la réflexion à travers leur histoire.© 2011 AFP
De la poupée antique aux Teletubbies en passant par l'Aston Martin du prince Andrew, mille jouets investissent le Grand Palais à Paris à partir de mercredi pour émerveiller, mais aussi susciter la réflexion à travers leur histoire.
L'exposition "Des jouets et des hommes", qui se tient jusqu'au 23 janvier, se veut unique par le nombre de pièces rassemblées, leur diversité et la rareté de certaines d'entre elles.
Le jouet existe depuis la plus haute Antiquité. Dans le monde occidental, il a presque toujours le statut de cadeau et est offert à l'occasion de fêtes religieuses ou pour un anniversaire, déclare à l'AFP Bruno Girveau, commissaire de l'exposition organisée par la Réunion des musées nationaux en collaboration avec les Arts décoratifs, et par l'Helsinki Art museum.
Dès la fin du XVIe siècle apparaît l'idée d'un "donateur surnaturel", saint Nicolas d'abord puis le Père Noël, souligne M. Girveau. Une façon peut-être d'"effacer l'aspect mercantile de l'achat", alors que le jouet est très vite produit par un fabricant spécialisé, en grande quantité.
L'animal occupe une place de choix dans l'exposition, rythmée par d'amusants petits théâtres optiques de l'artiste Pierrick Sorin. Le prince impérial Eugène-Louis Napoléon Bonaparte, fils de Napoléon III, caracole dès l'âge de six ans sur un magnifique cheval mécanique.
L'ours, animal sauvage, est d'abord présenté avec une muselière avant de devenir une douce peluche au début du XXe siècle. Inventé en Allemagne, le nounours va décoller aux Etats-Unis après l'anecdote célèbre du président Théodore Roosevelt épargnant un ourson lors d'une chasse en 1902. Le Teddy bear est né et marquera son siècle.
Le coeur de l'exposition tourne autour de la différenciation des jouets selon le sexe. On commence par les jouets de filles, où il s'agit d'imiter maman, d'apprendre à pouponner, à cuisiner, à se faire belle.
La poupée existe depuis l'Antiquité et déjà elle avait de longues jambes comme Barbie, démontre une vitrine où sont présentées plusieurs figurines romaines et grecques. La célèbre poupée mannequin créée en 1959 aurait dû se trouver à leur côté, mais son fabricant Mattel a refusé car il ne voulait pas que Barbie soit présentée nue: inenvisageable pour la firme américaine.
"Toto" dans les tranchées
Pour les garçons, ça roule: chars, carrosses, voitures, trains, motos. La réplique exacte de l'Aston Martin de James Bond offerte en 1966 au prince Andrew par la firme britannique a de quoi fasciner les petits garçons. Elle peut foncer jusqu'à 16 km à l'heure et reproduit les gadgets concoctés pour l'espion dans le film "Goldfinger".
Et puis il y a les jouets guerriers. "Toto", une poupée en habit militaire qui a fait la guerre de 1914-1918 avec le soldat Louis Danton. La fiancée de celui-ci lui avait offert cette mascotte, photographiée dans les tranchées tout au long du conflit.
Un peu plus loin, des figurines "Elastolin" d'Hitler à la tribune, entouré de dignitaires nazis, fabriquées par la firme allemande Hausser, font froid dans le dos.
Le cinéma et la télévision bouleversent l'univers du jouet, avec l'apparition des produits dérivés. Chaque génération à ses héros. Mickey, Babar, Nicolas et Pimprenelle, Goldorak, Teletubbies.
Mais pour grandir, il faut accepter de renoncer à ses jouets. Sous l'Antiquité, les petites filles grecques sacrifient leurs poupées en les déposant au pied de l'autel d'Artemis.
"Après le don, c'est l'abandon", souligne le commissaire. Enfin pas pour tous: Bruno Girveau est collectionneur de jouets, comme son père avant lui.