Accusations de la juge: Les éditorialistes dénoncent «un climat de peur» entourant l'affaire Bettencourt
AFFAIRE•Ils dénoncent ce climat alors que la présidentielle approche...© 2011 AFP
Des éditorialistes de la presse régionale dénoncent ce jeudi le «climat de peur» entourant l'affaire Bettencourt après la mise en cause de Nicolas Sarkozy par une magistrate, une véritable «bombe» pour le chef de l'Etat à huit mois de la présidentielle.
Une majorité d'éditorialistes aiguisent leur plume sur la publication du livre Sarko m'a tuer, dans lequel la juge Isabelle Prévost-Desprez affirme notamment que l'un des témoins, dans l'entourage de Liliane Bettencourt, «(lui) a dit qu'il avait vu des remises d'espèces à Sarko» avant son élection en 2007, tout en demandant que ces propos «ne figurent pas sur le procès-verbal».
Il s'agit pour Hervé Favre (La Voix du Nord) d'un «coup de tonnerre au-dessus du ciel élyséen» même si l'on est «dans le registre de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours».
«Une magistrate intègre. Opiniâtre. Indocile»
«Telle une bombe», l'affaire Bettencourt n'en finit plus d'«éclater à la figure» de Nicolas Sarkozy, renchérit François Martin dans le Midi Libre. «A huit mois de la présidentielle, tout cela sentirait un peu la magouille ou le pétard mouillé s'il ne s'agissait d'une mise en cause grave. Dévoilée par une magistrate intègre. Opiniâtre. Indocile».
Au-delà des accusations portées, «c'est le climat de peur dans lequel auraient vécu les témoins qui suscite l'indignation», s'insurge Pierre Frehel dans Le Républicain lorrain, parlant d'un «abus de pouvoir caractérisé».
Pour Jean-Michel Helvig (La République des Pyrénées), «une atmosphère et un climat intolérables» caractérise «la face sombre d'un quinquennat finissant». Si «de telles méthodes ne datent pas de 2007», souligne-t-il, «elles semblent, depuis, avoir été systématisées, sinon portées à leur paroxysme».
«Le soupçon étant jeté, la bombe lâchée»
Les dernières révélations «renforcent encore les soupçons d'interventions de l'Élysée, via le juge Courroye 'ami' déclaré de Nicolas Sarkozy, pour étouffer un scandale qui atteindrait directement le chef de l'État», écrit Dominique Garraud (La Charente Libre), énumérant «pressions et discrédit sur les témoins, mises en cause des médias... et cambriolages non-élucidés de leurs locaux, mises sur écoutes illégales de journalistes...».
Pour Patrick Fluckiger (L'Alsace), «c'est bien la République qui est atteinte, avec ce qu'elle suppose de démocratie, de séparation des pouvoirs, de respect des hommes et des institutions". Si l'affaire "en dit long sur les relations détestables qui se sont installées entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif», il s'agit plus largement d'«une crise d'Etat», s'inquiète-t-il.
«Le soupçon étant jeté, la bombe lâchée», lance Didier Louis (Courrier Picard), «nul ne comprendrait... que la justice ne s'en empare pas».