Affaire DSK: Les différents scénarios de la nuit de Strauss-Kahn au Sofitel
ENQUÊTE•es versions des enquêteurs et des principaux protagonistes divergent...M.P.
Que s’est-il réellement passé dans l’hôtel Sofitel, où Nafissatou Diallo, femme de chambre, accuse Dominique Strauss-Kahn, ex-directeur du FMI, d’avoir tenté de la violer le 14 mai dernier? Les enquêteurs et les principaux intéressés ne sont pas du tout d’accord sur le déroulement de la nuit. L’occasion de faire le point avec les derniers éléments révélés par les enquêteurs (ceux du bureau du procureur mais également ceux de la défense) et les avocats des deux parties.
Le principal intéressé, DSK, tient, depuis le début de l’affaire la même ligne de défense: il y a eu relation sexuelle mais une «relation consensuelle», c’est-à-dire consentie. Les seules certitudes sont celles données par l’analyse de la carte magnétique de Nafissatou Diallo: à 12h06, elle entre dans la suite 2806, à 12h26, elle entre dans une suite attenante, la 2820 et à 12h27, elle retourne dans la suite occupée par DSK. Explications.
12h06: la femme de chambre entre dans la suite de DSK
La version de la femme de chambre: elle croise un autre employé de l’hôtel, du room service, qui lui dit que la voie est libre. Elle commence alors à nettoyer la chambre, DSK sort nu de la salle de bain et lui saute dessus pour lui imposer une fellation. Elle se débat, tente de s’enfuir mais DSK la rattrape et s’empresse de verrouiller la porte. Il lui touche les seins et le vagin, et finit par lui imposer une fellation avant qu’elle ne réussisse à s’enfuir. D’après son avocat, DSK a blessé Nafissatou Diallo au cours de l’agression: elle a un ligament déchiré à l’épaule et des bleus sur le vagin.
La version de la défense de DSK: Ses avocats se sont très peu exprimés en détails mais ils assurent que la relation sexuelle était consensuelle et qu’«il n'y a pas eu de dispute entre les parties parce qu'il n'a pas été question d'argent».
La version du New York Post: La femme de chambre serait en fait une prostituée occasionnelle, qui travaillerait au sein d’un réseau guinéen, assure le tabloïd s'appuyant sur des sources proches de la défense. Elle recevrait des «pourboires extraordinaires» en contrepartie de ses faveurs sexuelles, ont noté des enquêteurs. Elle serait entrée volontairement dans la suite, connaissant l’identité de l’occupant, «une mine d’or». Entre DSK et Nafissatou Diallo, il y aurait donc eu une relation sexuelle tarifée.
12h26: La femme de chambre entre dans la suite voisine
La première version de la femme de chambre: Dans ses premiers récits, Nafissatou Diallo ne mentionne pas cette deuxième suite. Après les faits présumés, elle a dit s’être enfuie de la suite de DSK et s’être cachée dans le couloir, prostrée, le temps que son présumé agresseur quitte les lieux. Elle aurait ensuite alerté ses supérieurs des faits qui se sont déroulés. Dans la chambre, elle aurait craché par terre et sur les murs, expliquant que DSK lui a fait faire une fellation.
La deuxième version de la femme de chambre: Finalement, devant les équipes du procureur, Nafissatou Diallo reconnait avoir menti dans sa première déposition, répétée devant le Grand Jury, ce qui constitue un parjure. Elle confie dans un deuxième temps qu’elle est sortie de la chambre 2806 pour aller ensuite nettoyer la chambre 2820, voisine, et qu’elle est ensuite revenue dans la suite occupée de DSK, qu’elle a commencé à nettoyer avant d’alerter ses supérieurs. Un déroulement impossible puisqu’elle n’est restée qu’une minute au plus dans la suite 2820, selon les relevés de la carte. A 12h27, elle rentre de nouveau dans la suite de DSK.
La version du New York Post: Pour le tabloïd new-yorkais, qui s’appuie sur des sources proches de la défense, Nafissatou Diallo est une prostituée occasionnelle. Et comme elle le fait parfois, elle sort de la chambre, laisse le client partir et va récupérer son argent ou son cadeau dans la chambre. Là, DSK n’a rien laissé, ce qui a attisé sa colère et sa décision de porter plainte pour tentative de viol.
12h28: Check-out de DSK
La version de l’accusation: D’après l’accusation, DSK a quitté précipitamment l’hôtel, laissant suggérer qu’il fuyait quelque chose, laissant même un de ses nombreux téléphones derrière lui.
La version de la défense: Pour les avocats de DSK, leur client n’était pas pressé, il est juste parti déjeuner avec sa fille. Et si en fait il pensait avoir oublié un téléphone, ce n’était finalement pas le cas.