Affaire DSK: Le nouveau visage de Nafissatou Diallo
ENQUÊTE•e dossier DSK a pris une autre tournure depuis que des éléments démontrent que la femme de chambre n'est pas si «exemplaire»...M.P.
Son avocat promet qu’elle parlera bientôt aux médias pour dire «ce que Dominique Strauss-Kahn lui a fait». Pour l’instant, elle reste un mystère: elle ne s’est jamais présentée publiquement et a gardé le silence. Mais à la lumière des dernières révélations, Nafissatou Diallo, cette femme de chambre «exemplaire» semblerait en fait mener une double vie. 20Minutes fait le point.
Une conversation troublante
Les enquêteurs ont désormais des doutes sur sa «crédibilité» et ont déterminé qu’elle avait menti à plusieurs reprises au cours de l’enquête. Elle avait notamment, ont révélé les enquêteurs, passé un coup de téléphone à un détenu d’une prison réservée aux immigrés dans l’Arizona vingt-quatre heures après les faits présumés. A cet homme, condamné pour blanchiment d’argent et trafic de stupéfiant, elle dit: «Ne t’inquiète pas, ce type a plein de fric. Je sais ce que je fais», rapporte une source fiable proche de l’enquête au New York Times. C’est lorsque cette conversation a été traduite du dialecte fulani mercredi que les enquêteurs se sont vraiment alarmés pour la crédibilité de leur témoin. S’ils ont mis autant de temps pour disposer de cet élément clé, c’est qu’ils n’ont eu vent de la discussion qu'il y a seulement quinze jours, par hasard. Ce n’était pas la femme de chambre mais bien le détenu qui était visé par les enregistrements. Les enquêteurs chargé du dossier du détenu n'ont pas compris tout de suite que la femme était la plaignante de l'affaire Strauss-Kahn et en ont ensuite informé les services du procureur.
Un deuxième mari
Ce fameux détenu, d’ailleurs, est le second mari de Nafissatou Diallo, révèle Le Journal du Dimanche. D’origine gambienne, il a vécu avec elle dans son appartement du Bronx. Le couple s’était marié religieusement il y a plus d’un an mais l’union n’était «pas transcrit dans les registres d’état civil américains», précise le journal, qui ajoute que la pratique est courante dans la communauté africaine.
Une prostituée faisant partie d’un réseau?
Pour le New York Post, ça ne fait plus de doute: la femme de chambre pouvait arrondir ses fins de mois en monnayant ses faveurs sexuelles auprès des riches clients de l’hôtel, d’après des sources proches de l’enquête citées par le tabloïd. En contrepartie, elle toucherait des «pourboires extraordinaires». Elle ferait même partie d’un réseau de call-girls. «Il y a beaucoup de gens qui voyaient en elle une source de revenu», explique encore la source, ajoutant que «beaucoup de ses dépenses -tressage de cheveux, frais de subsistance– étaient réglées par des hommes non liée à elle».
Le nouveau scénario des évènements du Post
Toujours d’après le New York Post, la femme de chambre est entrée dans la chambre volontairement, sachant qui était DSK et dans l’intention «de lui faire les poches» puisque ses collègues lui ont dit que DSK était «une mine d’or». Après que DSK et la femme de chambre ont eu une relation sexuelle, cette dernière a demandé à l’ex-patron du FMI du «cash». Mais DSK a refusé de la payer, et s’est montré «dédaigneux», selon une source proche de l’enquête. «Humiliée», elle aurait donc décidé de porter plainte pour viol. Un scénario écarté par les avocats de DSK: «Il n'y a pas eu de dispute entre les parties parce qu'il n'a pas été question d'argent», déclarent-ils dans un communiqué.
Elle se serait prostituée après l’agression présumée
Là encore, c’est le New York Post qui enfonce Nafissatou Diallo. Selon les informations du tabloïd, qui a révélé l’affaire DSK le 15 mai dernier, la femme de chambre de 32 ans se serait prostituée après l’agression présumée, dans l’hôtel payé par les services du procureur. Dans sa chambre, elle a «accueilli un défilé des clients dans les semaines suivant l’arrestation de DSK», écrit le journal, citant des sources proches du procureur. Le bureau du procureur a en effet logé Nafissatou Diallo dans un hôtel de Brooklin pour la mettre à l’abri des médias et des éventuelles pressions du clan DSK. Si au début la surveillance était totale, à partir du 1er juin, l’arrangement a été modifié. La jeune femme, toujours logée dans cet hôtel, est redevenue libre comme l’air et sans surveillance. C’est à partir de ce moment qu’elle aurait reçu des clients dans sa chambre. Reste que l'information paraît étonnante, puisque Nafissatou Diallo devait savoir que sa vie serait passée au crible par des enquêteurs payés par les avocats de DSK.
Une série de mensonges
C’est le bureau du procureur qui a transmis jeudi à l’équipe d’avocats de DSK une lettre qui détaille les mensonges de la plaignante. On y apprend qu’elle a menti pour obtenir l’asile aux Etats-Unis. Elle avait expliqué qu’elle et son mari avaient été persécutés en Guinée et que son époux est mort de ses blessures. Devant les enquêteurs, elle a reconnu avoir menti et avoir préparé et répété son discours à l’aide d’une vidéo pour obtenir le précieux sésame. Elle avait également dit avoir été victime d’un viol collectif en Guinée, ce sur quoi elle est revenue devant les enquêteurs. Elle a également admis avoir falsifié sa déclaration d’impôts. Enfin, elle a menti sur les déroulé des faits présumés. Elle n’a pas alerté immédiatement ses supérieurs de la supposée agression comme elle l'a dit mais est allée nettoyer une autre chambre. Elle est ensuite revenue dans la suite 2806 et a alerté son supérieur.