Les mariages forcés reculent et se soldent très souvent par le divorce

Les mariages forcés reculent et se soldent très souvent par le divorce

Les mariages forcés d'immigrées ou de filles d'immigrés sont en recul en France et la plupart des unions non consenties finissent par se défaire, permettant même à des musulmanes d'accéder à une liberté impossible à conquérir dans le pays d'origine.
© 2011 AFP

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Les mariages forcés d'immigrées ou de filles d'immigrés sont en recul en France et la plupart des unions non consenties finissent par se défaire, permettant même à des musulmanes d'accéder à une liberté impossible à conquérir dans le pays d'origine.

Alors qu'une estimation du Haut conseil à l'intégration parle de quelque 70.000 jeunes femmes potentiellement menacées par ce phénomène, une étude conjointe de l'Ined et de l'Insee rendue publique jeudi a conclu que "le mariage forcé est marginal chez les filles d'immigrés".

L'étude menée par la chercheuse Christelle Hamel, fait partie de l'enquête "Trajectoires et origines" de l'Institut national d'Etudes démographiques et de l'Institut national de la Statistique et des Etudes économiques, qui porte sur la diversité des populations en France.

Les immigrées originaires du Maghreb, de la Turquie et de l'Afrique subsaharienne où le célibat est reprouvé et la sexualité pré-maritale prohibée par l'islam sont les premières concernées.

Elles sont moins nombreuses quand elles viennent de zones où le mariage est en déclin comme l'Asie du Sud-Est, l'Europe et l'Afrique centrale ou encore les pays riverains du Golfe de Guinée.

Il ressort de l'étude que neuf pour cent des immigrées ayant entre 51 et 60 ans ont été mariées contre leur gré et 13% ont vécu une situation où leur consentement a pu se trouver altéré. Deux fois sur trois, ce sont des unions conclues au pays d'origine, avant la migration en France.

Chez les plus jeunes (entre 26 et 30 ans), la proportion est en baisse: deux pour cent ont été mariées contre leur gré et sept pour cent avec un consentement "vraisemblablement altéré".

Au même âge, les filles d'immigrés sont deux fois moins nombreuses à déclarer un mariage non consenti: elles sont un pour cent à avoir été mariées contre leur gré et trois pour cent avec un consentement éventuellement altéré.

Dans le reste de la population française, cinq pour cent des femmes de 51 à 60 ans évoquent une pression familiale sur le choix du conjoint, alors que le phénomène a totalement disparu pour les moins de 30 ans.

A l'expression "mariage forcé", Christelle Hamel préfère celle de "mariage non consenti" qui regroupe le mariage "non souhaité" et le mariage "accepté" où la volonté individuelle a pu être altérée par le conjoint, la famille ou par le poids des normes sociales.

Mais quelle que soit la situation, l'enquête observe que le mariage non consenti va de pair avec la faiblesse du niveau d'instruction des parents et des femmes concernées.

"Les immigrées mariées contre leur gré sont 53% à n'avoir aucune qualification, et les filles d'immigrés 34%, ce qui est très élevé compte tenu du fait qu'elles ont grandi en France", observe l'étude.

Pour autant, 30% des immigrées et un quart des filles d'immigrés n'ayant pas donné leur plein consentement au mariage avaient des parents bacheliers ou diplômés du supérieur.

Si pour les immigrées il s'agit de mariages arrangés et conclus avant leur migration, pour les filles d'immigrés nées en France, il s'agit, dans la moitié des cas, de régulariser une relation pré-maritale, voire une grossesse qui ne sont pas tolérées par les parents. Pourtant, les concernés auraient préféré la cohabitation voire l'avortement.

Mais 65% des immigrées et 68% des filles d'immigrés mariées contre leur gré finissent par divorcer, "un signe clair, s'il en est, de leur désir d'autonomie" dans le contexte français.

Certaines s'installent ensuite dans le concubinage, un choix impossible dans les pays musulmans.

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