«Présumé coupable»: Un film sur l'affaire d'Outreau
© 2011 AFP
Le premier film sur l'affaire de pédophilie d'Outreau, «Présumé coupable», est présenté vendredi à Tourcoing (Nord), alors que le dossier a ressurgi en mai avec le livre accusateur d'une victime et une affaire de moeurs impliquant des acquittés du procès en appel de 2005.
Dix ans après le déclenchement des procédures, ce film, produit par Christophe Rossignon («La Haine», «Welcome») et dont la sortie nationale est prévue pour le 7 septembre, est la première fiction à s'inspirer directement de cette affaire judiciaire qui a défrayé la chronique.
Débuté en février 2001 avec l'arrestation et l'incarcération de 17 personnes, le dossier avait viré au fiasco judiciaire et finalement abouti à l'acquittement de 13 des prévenus, après deux procès aux assises (première instance en 2004 et appel en 2005).
Inspiré du livre «Chronique de mon erreur judiciaire», écrit par l'un des protagonistes de l'affaire, Alain Marécaux, le scénario du film - dont il y a eu près de 12 versions - raconte la «descente aux enfers» de cet huissier, accusé d'actes de pédophilie, puis innocenté après 23 mois de détention provisoire.
L'histoire d'un «cauchemar»
A l'heure où Cherif Delay, l'un des enfants-victimes, sort un livre dans lequel il réitère des accusations contre certains des acquittés d'Outreau (sans citer de noms), Alain Marécaux tient lui aussi, au travers de ce film, à réaffirmer sa vérité et à raconter son histoire, celle d'un «homme embarqué injustement dans la machine judiciaire et qui a tout perdu».
«Il ne s'agit pas de refaire l'affaire d'Outreau. Ce film, c'est avant tout l'histoire d'un homme, l'histoire de mon cauchemar», explique l'huissier, qui a toujours clamé son innocence et a fait plusieurs tentatives de suicide pendant sa détention.
Au départ, pourtant, Alain Marécaux, n'était «pas chaud pour faire ce film», car «il voyait mal comment une fiction pouvait retranscrire la souffrance, telle qu'elle avait été vécue par les acquittés».
Mais après plusieurs rencontres avec la production et le réalisateur du film, Vincent Garenq, il accepte, en posant deux conditions: «avoir un droit de regard sur chaque étape du film et que mes fils soient associés à la réalisation».
«A tout moment, j'avais un droit de vie et de mort sur ce film. A tout moment, je pouvais dire, on arrête tout», raconte Alain Marécaux, qui s'est beaucoup impliqué dans l'écriture du scénario, dans le choix des acteurs, dont Philippe Torreton qui interprète l'huissier à l'écran.
Alain Marécaux veut «réveiller les consciences. Il faut qu'on se rappelle comment, il y a 10 ans en France on a pu embastiller des gens sans preuves, comment on a totalement oublié la présomption d'innocence, et comment des vies entières ont été brisées. Ce qui m'est arrivé peut arriver à tout le monde et ne doit pas se reproduire».
L'histoire d'Outreau est aussi revenue dans l'actualité en mai avec le placement en garde à vue de Frank et Sandrine Lavier, deux acquittés en appel, accusés aujourd'hui de «corruption de mineurs». Ils sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer le 7 juillet.