SOCIÉTÉVoile intégral: Un mois après, les «Amazones de la liberté» veulent défendre le droit de le porter

Voile intégral: Un mois après, les «Amazones de la liberté» veulent défendre le droit de le porter

SOCIÉTÉassociation Touche pas à ma constitution conteste l'existence d'amendes et parle d'une radicalisation des pratiques...
Ingrid Gallou

Ingrid Gallou

Midi à Paris et beaucoup d’agitation devant le Bristol… Le palace, décor de Minuit à Paris, le film de Woody Allen projeté en ouverture du festival de Cannes ce mercredi soir, est le théâtre cette fois d’une tout autre scène. Le collectif Touche pas à ma constitution, déjà à l’origine du happening avec des femmes en niqab à la terrasse du Fouquet’s il y a un mois, avait prévu d’y organiser une conférence de presse à l’occasion des trente jours d’interdiction du voile intégral dans l’espace public. A deux pas de l’Elysée et de la place Beauvau, siège du ministère de l’Intérieur.

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«On m’a demandé de sortir sans mon voile»

A l’heure dite, pourtant, seules deux femmes en voile intégral attendent dans le hall de l’hôtel. Les fourgons de police, eux, sont en nombre. Pas de trace en revanche de Rachid Nekkaz, le médiatique porte-parole de l’association. Et pour cause, il vient d’être arrêté, peu après l’interpellation de quatre femmes voilées qui l’accompagnaient. L’une d’elles, prise de malaise, aurait tenté de lui téléphoner. C’est en tentant de la rejoindre au pas de course qu’il aurait été, lui aussi, interpellé.

Plus d’une heure après, une seule des jeunes femmes arrêtées, Marie, avait pu rejoindre l’hôtel. «J’ai subi un contrôle d’identité, puis j’ai été fouillée. On m’a ensuite demandé de sortir du fourgon sans mon voile, ce que j’ai accepté. Mes amies, en revanche, ont refusé et ont été amenées au commissariat. Ce sera plus compliqué pour mes sœurs», racontait-elle, visiblement encore sous le choc.

Le ministère est embêté

Un mois après la mise en œuvre de la loi, l’association entend bien faire entendre sa voix et conteste les chiffres d’une trentaine de femmes verbalisées, communiqués par le ministre de l’intérieur Claude Guéant le 4 mai dernier. «Ces chiffres sont faux, fait savoir Jean-Bruno Roumégoux, son président. Au sein de notre réseau sentinelle de 288 femmes voilées, aucune amende n’est remontée. Seulement quatre procès-verbaux d’audition ont été dressés, mais il n’y a pas eu d’amende déposée.»

«Le ministère est embêté, poursuit-il. Il pensait cette loi si coercitive qu’elle serait respectée.» C’est visiblement loin d’être le cas. Sur le terrain, l’association estime que la moitié seulement des femmes auraient abandonné le voile. L’autre s’est radicalisée. Jean-Bruno Roumégoux s’inquiète du phénomène: «A Grenoble, une trentaine de jeunes femmes restent chez elles et ne descendent plus car elles ne veulent plus quitter leur voile.» Selon toute vraisemblance, elles devraient annoncer ce mercredi après midi leur intention de se constituer en association loi 1901, sous le nom des Amazones de la liberté.

Appel au boycott sur les armes françaises

Au cœur du problème selon eux, l’interdiction de marcher dans la rue intégralement voilée, inapplicable sur le terrain. Procéder à un contrôle d’identité sur une femme portant le voile intégral dans un quartier chaud, «ce n’est plus du courage, c’est de l’inconscience», estiment-ils.

Alors que les dernières femmes interpellées quittaient le commissariat du 8e arrondissement Rachid Nekkaz était toujours introuvable et injoignable ce mercredi en début d’après-midi. Son entourage a rappelé son intention d’entamer une procédure auprès de la cour des Droits de l’homme dès que les premières amendes seront tombées. Il doit en outre débuter une tournée dans les capitales des pays du Golfe pour appeler au boycott sur la vente des armes françaises dans le monde.

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