Tuerie de Nantes: Xavier Dupont-Ligonnès était-il criblé de dettes?
ENQUETE•Un mandat de recherche a été lancé contre le père...Maud Pierron (avec agences)
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Qu’a révélé l’autopsie?
L’autopsie montre que les cinq personnes ont été «exécutées méthodiquement» durant leur sommeil de deux balles dans la tempe, a confirmé le procureur de la République de Nantes ce vendredi soir. Un des jeunes fils a également reçu trois balles dans le thorax. Les faits ont eu lieu dans la maison, où des traces de sang ont été repérées, a-t-il ajouté. L’arme du crime semble être un 22 Long Rifle. Or, Xavier Dupont-Ligonnès avait hérité une telle arme de son père, introuvable depuis. Le procureur a précisé que le père avait acheté des munitions en mars dernier. Les deux chiens, deux labradors, ont également été tués de deux balles dans la tempe. Les corps avaient été enterrés sous la terrasse, dans une fosse creusée, dans des sacs de jute avec de la chaux vive. Quant à la date de la tuerie, il semble que ce soit autour du 4 avril, a ajouté Xavier Ronsin, selon lequel les légistes ne peuvent être d’une précision extrême. Mais cela coïncide avec l’absence de communication sur les téléphones portables et ordinateurs de la famille, comme l'a déjà révélé l'enquête jeudi.
Où est le père?
Il est «introuvable», selon le procureur. Mais la présence de ce chef d'entreprise de 50 ans a été localisée à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var, avec la découverte d'une «trace bancaire» d'une carte appartenant à la famille, datant du 14 avril dernier. Par ailleurs, la voiture du père de famille a été découverte dans la nuit de jeudi à ce vendredi sur le parking d'un hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens. La police judiciaire a emmené la voiture pour l'examiner. Depuis cette date, aucune trace de Xavier Dupont-Ligonnès. Selon un témoin, des plaques d'immatriculation d'une voiture garée près de celle du suspect ont été volées après l'arrivée du père de famille sur place. Détail important: le suspect connaissait la région puisqu’avant d’habiter à Nantes, la famille avait vécu dans le Var.
Quel pourrait être le motif?
Si un proche du père disait redouter «un délire mystique» de Xavier Dupont-Ligonnès, la thèse d’un homme accablé par des dettes prend corps. On savait déjà qu’un huissier avait été mandaté le 5 avril pour venir réclamer «une créance de plus de 20.000 euros» au domicile de la famille. Xavier Ronsin, lors de la conférence de presse de vendredi soir, a confirmé les difficultés financières de la famille. Il a évoqué une «dette de 50.000 euros» contractée auprès «d’une amie» à «Paris». Des emprunts très importants pour un homme qui ne déclarait que 4.000 euros annuels, a précisé le procureur.
Quelles sont les suites de l’enquête?
Le procureur Xavier Ronsin a décidé d’ouvrir une information judiciaire contre X pour assassinats. Désormais, c’est un juge d’instruction qui devra mener les investigations. Toutes les recherches se focalisent sur le père et d’intenses opérations sont menées dans le Var, dernière trace de Xavier Dupont-Ligonnès. Un mandat de recherche a été lancé dans tout l’espace Schengen.
Y-a-t-il un lien avec l’affaire de la disparue de Lorgue?
C’est une troublante coïncidence qui a mis la puce à l’oreille des enquêteurs. Une mère de famille de 50 ans a disparu depuis le 14 avril à Lorgues, un village du Var où avait habité la famille Dupont-Ligonnès. «C’est vrai que c’est surprenant», a jugé la procureure de Draguignan, Danielle Drouy-Ayral. «Pour le moment, il n'y a aucun élément objectif qui permette de relier la disparition de Lorgues et les faits qui se sont produits à Nantes», a déclaré Laurent Chavanne, le responsable de la Police judiciaire de Nantes. Les enquêteurs vérifient toutefois cette piste.