C'est un peu le procès Chirac, version tahitienne. Ce lundi, le plus grand procès de l'histoire de la Polynésie française s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Papeete. Principal mis en cause, l'ancien président du gouvernement de la Polynésie française, Gaston Flosse. L'homme de 79 ans est soupçonné d'avoir mis en place un système d'emplois fictifs pendant ses années de règne sur l'Assemblée territoriale.

D'ici au 26 mai, 86 prévenus défileront et deux écrans ont été installés à l'extérieur du tribunal pour permettre au public de suivre les débats. Car le principal prévenu n'est pas n'importe qui. Proche de Jacques Chirac pendant des années et toujours sénateur, Gaston Flosse est la grande figure politique de l'archipel. En tant qu'ancien président du gouvernement de la collectivité, le «vieux lion» est accusé de s'être servi de l'argent public pour embaucher des dizaines de personnes en vue de son propre bénéfice politique.

Courriers anonymes

Employés par l'Assemblée territoriale, ces 85 salariés auraient travaillé pour le Tahoeraa, le parti de Gaston Flosse. Cette affaire tentaculaire a débuté en 1995 lorsque des courriers anonymes envoyés à la justice ont décrit ce réseau. Les enquêteurs ont depuis auditionné 500 personnes, selon Les Nouvelles de Tahiti. La gestion de Flosse a souvent été contestée. En 2007, la Cour des comptes avait parlé de «dérives» financières en évoquant l'administration de la Polynésie française. Mais le procès de Flosse est encore loin d'avoir commencé.

L'un de ses avocats, François Quinquis, veut utiliser une dernière arme judiciaire en rédigeant au moins deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC), selon la presse locale. Si les juges décident de la recevabilité d'une de ces QPC, le procès sera alors repoussé de trois mois pour laisser le temps à la Cour de cassation de se prononcer avant un éventuel renvoi devant le Conseil constitutionnel. Ce scénario serait alors identique à celui du procès de Jacques Chirac dont l'un des avocats, Jean-Yves Le Borgne, défend également Gaston Flosse dans une autre affaire.