Réforme des lycées: «Le bilan est contrasté selon les établissements»
INTERVIEW•Valérie Sipahimalani, professeur de SVT au lycée Jules Ferry, à Paris et secrétaire nationale du Snes-FSU en charge des lycées, fait le point...Propos recueillis par Delphine Bancaud
Le Snes a fait sa propre enquête dans une centaine de lycées pour évaluer la mise en oeuvre de la réforme des lycées. Quels sont vos principaux constats ?
Le bilan est contrasté selon les établissements. Concernant les enseignants d’exploration par exemple, on sait que les options «méthodes et pratiques scientifiques» et «littérature et société» fonctionnent bien. Mais les lycées ne proposent généralement pas toute la palette d’enseignements d’exploration prévue par la réforme. Enfin, comme tous les élèves doivent choisir un enseignement en économie dans les deux, les professeurs de sciences économiques et sociales disent rencontrer des difficultés, car ils ont beaucoup d’élèves à gérer et des programmes très chargés.
L’accompagnement personnalisé fonctionne-t-il bien?
Selon nos informations, il n’a été mis en place dans l'esprit de la réforme que dans la moitié des établissements environ. Dans ces lycées, les enseignants disent en général qu'ils ne savent pas quoi faire de ces heures, et pointent un malentendu avec les élèves et les familles, qui s'attendaient à un tête à tête avec un prof et non à du travail en groupe. Ailleurs, il est surtout utilisé pour dédoubler des cours. Autre difficulté: les enseignants se plaignent de ne pas avoir été formés à l’accompagnement personnalisé. Le fait que Luc Chatel ait proposé de renforcer leur formation est donc une bonne chose. Encore faut-il que les rectorats aient les moyens de le faire.
Le tutorat pour accompagner les élèves dans leurs choix d’orientation et les stages de remise à niveau ont-ils été mis en place dans la majorité des établissements?
Le tutorat ne s'est mis en place que très ponctuellement, mais il n'était pas annoncé comme une priorité pour cette année. Les stages pendant les vacances scolaires sont annoncés par les recteurs, qui cherchent sans grand succès des enseignants volontaires pour faire travailler les élèves pendant les vacances.