Procès Chirac: Beaucoup de bruit pour rien?
JUSTICE•Le tribunal correctionnel de Paris a renvoyé, mardi, l'examen de l'affaire à une date ultérieure...Vincent Vantighem
Ses avocats ont poussé le vice jusqu'à dire que Jacques Chirac allait «regretter de ne pas pouvoir s'exprimer devant les juges» dans l'immédiat. Après deux jours d'audience technique, le procès des emplois fictifs de la Mairie de Paris a été renvoyé, mardi, à une date ultérieure. Une audience se tiendra bien le 20 juin prochain. Mais elle ne servira qu'à fixer les modalités d'un nouveau procès.
«C'est un mauvais signal»
D'ici là, le tribunal correctionnel de Paris transmettra son dossier à la Cour de cassation, chargée de se pencher sur le vice de procédure à l'origine du renvoi. A partir de là, les poursuites pourraient bien être purement annulées (lire ci-dessous). «Si Marine Le Pen est aujourd'hui à 23% dans les sondages, c'est parce que les puissants échappent à la justice, a critiqué Jérôme Karsenti, l'avocat des parties civiles dans la salle des pas perdus. C'est un mauvais signal envoyé aux citoyens.»
Mais c'est un soulagement pour les prévenus. A l'issue du jugement, Michel Roussin, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac à la Mairie de Paris, tout sourire devisait tranquillement à côté d'un Jean de Gaulle, soupçonné d'avoir bénéficié de quatre emplois fictifs, bien moins crispé que la veille. De son côté, Jacques Chirac a fait savoir qu'il «prenait acte» de la décision des juges.
L'ancien président sait qu'il n'en a pas fini avec la justice. Si le volet parisien de l'affaire est en effet sous le coup d'un vice de procédure, il n'en est rien de celui de Nanterre. Et dans ce dossier-là, Jacques Chirac sera le seul prévenu. Du fauteuil qu'il a délaissé pendant deux jours, il aurait même cette fois toute latitude pour étendre ses jambes. Si ce procès se tient un jour...
Mardi, Jean Veil, son avocat, a déjà émis des doutes à la barre. «Cette affaire a un écho politique important. Nous serons bientôt entrés en période électorale. Il me semble inenvisageable d'examiner cette affaire dans ce contexte.» Quelques rangs plus loin, l'une des parties civiles ne pouvait contenir sa colère: «C'est un vieux passé qui déshonore la France. La justice doit faire le ménage.» Peut-être, mais pas tout de suite.