Les chefs relèvent la toque
GASTRONOMIE•Défiée à l'étranger, la cuisine française se mobilise...Ingrid Gallou
Coup de chaud sur la gastronomie française? Cette année encore, le Guide Michelin place Tokyo au firmament des villes les plus étoilées devant Paris.La vague scandinave emporte tout aux Bocuse d'Or 2011. Et aujourd'hui, le critique américain Mickaël Steinberger s'interroge: la cuisine française serait-elle un chef-d'œuvre en péril?
A peine inscrite au Patrimoine de l'Unesco, la gastronomie française a décidé de passer à l'offensive. Les quinze grands chefs rassemblés lors du lancement du Collège culinaire de France le mois dernier réclament plus de soutien des pouvoirs publics et une meilleure prise en compte du secteur (50 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2009).
«So french, so good»
Il y a urgence, selon Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur: «On peut être le pays de la gastronomie, avoir les meilleurs chefs du monde et vendre moins bien ses produits que les Allemands.»
Face à «des Italiens ou des Espagnols plus agressifs et mieux organisés», le ministère a réagi en lançant la campagne «So french, so good» à destination de douze pays cibles, avec, «en navire amiral», la haute cuisine.
Car les chefs français demeurent le meilleur atout et ont été sollicités pour animer les lieux les plus prestigieux. «Prenez les Espagnols, lance la chef Hélène Darroze, je les vois peu s'exporter. Ce n'est pas sur eux que l'on prend exemple et si l'on essaie, on se plante, à l'image de ceux qui ont voulu imiter Ferran Adria!»
La concurrence asiatique
Vainqueurs des Bocuse d'Or, les Scandinaves ont, selon elle, bénéficié de gros moyens de la part des autorités de leur pays pour un concours très exigeant, financièrement et humainement. D'après Julianne Caspar, rédactrice en chef du Guide Michelin, «si l'on mange de mieux en mieux à Copenhague ou Berlin», la concurrence ne viendrait pas du Nord. De l'Asie peut-être? Mondialisation oblige, «on n'a pas le même regard sur l'Asie aujourd'hui qu'il y a dix ans».
Malgré les effets de mode ou l'attrait de la nouveauté, «la référence reste toujours la France», tranche Julianne Caspar. Un pays dépositaire, d'après Pierre Gagnaire, d'un art de vivre: nous sommes prescripteurs de produits, de vins et d'arts de la table. Aujourd'hui, où que l'on aille, de loin ou de près, c'est la France qui inspire les autres.»