JUSTICEMagistrats en colère: Audiences suspendues jusqu'à jeudi au tribunal de Lille

Magistrats en colère: Audiences suspendues jusqu'à jeudi au tribunal de Lille

JUSTICEÀ l'instar d'autres juridictions, les magistrats lillois se sont réunis pour réagir aux déclarations de Nicolas Sarkozy...
Olivier Aballain, à Lille

Olivier Aballain, à Lille

C’est du jamais vu au tribunal de grande instance (TGI) de Lille. Quatre-vingt six magistrats du siège (juge, instruction) et du parquet (procureurs) ont parlé d’une seule voix lundi après-midi. Suite à une motion votée à l’unanimité moins une voix, ils ont en effet décrété la suspension de toutes les audiences non-urgentes jusqu’à jeudi compris.

Un exemple parmi d’autres. Lundi, plus de 60 tribunaux sur 200 ont voté des reports d’audiences lors des assemblées générales qui ont souvent réuni l’ensemble du personnel des tribunaux. Une manière d’exprimer leur mécontentement en réaction aux déclarations du chef de l’Etat sur l’affaire Laëtitia.

«Une inflation législative désordonnée»

Dans un texte lu à haute voix en plein tribunal, en présence du vice-président du TGI, les magistrats lillois se sont associés à la douleur des proches de Laëtitia Perrais. Ils s’indignent toutefois «de la volonté répétée du Président de la République Nicolas Sarkozy, garant de l’indépendance des magistrats (…), de faire peser, dans la hâte et avant toute enquête, sur des magistrats, des policiers et des membres du service pénitentiaire d’insertion et de probation la responsabilité d’un crime».

Ils «soulignent que la Justice française subit depuis des années une inflation législative désordonnée et contradictoire qui fait obstacle à l’efficacité et à la sérénité de ses décisions» et dénoncent «les conditions matérielles déplorables dans lesquelles la Justice s’exercent», rappelant au passage que la France est classée au 37e rang sur 42 pays européens en termes de budget consacré à la Justice.