JUSTICEMagistrats en colère: «Il n'y a jamais eu une telle unanimité»

Magistrats en colère: «Il n'y a jamais eu une telle unanimité»

JUSTICELe mouvement, débuté dans la foulée du discours de Nicolas Sarkozy sur l'affaire Laëtitia, devrait s'étendre jusqu'à jeudi, au moins...
Julie Rasplus

Julie Rasplus

Ce fut le discours de trop. «Cela fait des années que tout le monde dit: on n’a pas les moyens de fonctionner normalement. Ca ne date pas de Nicolas Sarkozy mais lui nous accuse d’être responsables de cela.» Marc Trévidic, juge d’instruction au pôle anti-terroriste du Tribunal de Grande Instance de Paris et invité de France-Info ce lundi, résume bien la colère des magistrats contre les déclarations du chef de l’Etat jeudi dernier.

Depuis, le mouvement ne retombe pas… au contraire. Ce lundi, plus de 60 tribunaux sur les 200 établissements en France ont convoqué des assemblées générales. Cela devrait continuer mardi selon Marie-Blanche Régnier, secrétaire nationale du syndicat de la magistrature (SM). Sa présidente, Clarisse Taron, a appelé à deux jours de grève jeudi 10 et vendredi 11 février. De son côté, Nicolas Léger, secrétaire national de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), a lancé un appel «à la suspension des audiences partout en France» jusqu’à jeudi, journée de la mobilisation nationale.

«Une expression collective»

Une révolte sans précédent. C’est ce qu’évoque Marie-Blanche Régnier, du SM: «Il n’y a jamais eu une telle unanimité, en lien avec les fonctionnaires des services de probation, les avocats et certains syndicats de policiers». De mémoire de magistrats, aucun report d’audience n’a duré aussi longtemps, même lors des précédents mouvements, notamment le 9 mars dernier. Pour le syndicat de la magistrature, rien à voir avec les journées ponctuelles «Justice morte».

Une révolte sans précédent. C’est ce qu’évoque Marie-Blanche Régnier, du SM: «Il n’y a jamais eu une telle unanimité, en lien avec les fonctionnaires des services de probation, les avocats et certains syndicats de policiers». De mémoire de magistrats, aucun report d’audience n’a duré aussi longtemps, même lors des précédents mouvements, notamment le 9 mars dernier. Pour le syndicat de la magistrature, rien à voir avec les journées ponctuelles «Justice morte».

En outre, c’est tout le personnel des tribunaux qui se réunit actuellement en assemblées générales et vote à l’unanimité des motions, prévoyant encore des renvois d’audiences et des rassemblements. «Il s’agit d’une expression collective et démocratique de la juridiction», souligne Marie-Blanche Régnier. Mathieu Bonduelle, secrétaire général du SM, a estimé ce lundi matin n'avoir «jamais vu un état de mobilisation pareil».

«De vrais arrêts de travail»

Pourtant, les statuts de la magistrature, définis par une ordonnance de 1958 n’autorisent pas la grève aux magistrats. Sur ce point, l’article 10 est clair: «Toute manifestation d'hostilité au principe ou à la forme du gouvernement de la République est interdite aux magistrats, de même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions. Est également interdite toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions.»

Dans les faits, si la grève n’est pas directement reconnue, les reports d’audiences et les assemblées générales n’en restent pas moins «des prises de position et des revendications». D’autant que les motions sont automatiquement transmises à la Chancellerie. A la différence de l’USM, «nous nous appuyons sur le droit de grève défini en 1968 et garanti par la Constitution. Et nous l’avons exercé à diverses reprises», explique Marie-Blanche Régnier, rappelant au passage que ses collègues en grève font l’objet de retenues sur salaire. «En ce moment, on ne constate pas seulement des motions. Il y a de vrais arrêts de travail.»

Les magistrats, fonctionnaires du pénitentiaire, avocats ou policiers affiliés aux syndicats Snop et Unité SGP-FO ne comptent pas en rester là. La juridiction de Saint-Etienne a décidé ce lundi d’inviter les élus locaux et les médias à venir visiter les services. «On s’adresse aussi à l’opinion publique. Si les justiciables veulent une justice de qualité et indépendante, c’est maintenant qu’il faut agir.»

Regardez la vidéo de BFM TV sur le sujet: