Les syndicats critiquent le «plan sciences» dans les écoles et collèges annoncé par Luc Chatel
EDUCATION•Ils dénoncent un nouvel écran de fumée...© 2011 AFP
Renforcement du calcul mental en primaire, décloisonnement des disciplines scientifiques au collège: Luc Chatel a détaillé lundi son «plan sciences» qualifié d'effet d'annonce par les syndicats, tandis que des scientifiques saluent un effort, toutefois insuffisant, pour développer ces matières. Ce plan présenté au Palais de la découverte à Paris par le ministre de l'Education nationale est la réponse à la publication le 7 décembre du classement «Pisa» de l'OCDE, où les élèves français de 15 ans se classaient 27e sur 65 pour la culture scientifique, et 22e pour les mathématiques.
Luc Chatel a relevé un «paradoxe préoccupant»: le jeune public présente un «intérêt» pour les sciences, mais qui «s'émousse tout au long de la scolarité», avec des bacheliers qui «se détournent des carrières scientifiques».
Un seul enseignant pour quatre matières
Pour lutter contre «l'innumérisme» (le pendant de l'illettrisme en mathématiques), le ministre a demandé que les élèves de primaire fassent «15 à 20 minutes de calcul mental» chaque jour et «récitent» les tables de calcul. Les futurs professeurs des écoles stagiaires, issus pour les trois quarts de filières de sciences humaines auront à la rentrée un module de sciences et de mathématiques.
A la rentrée, dans 400 collèges (sur les quelque 7.000 en France) classés dans les zones les plus en difficultés, les élèves de 6e et 5e auront un seul enseignant pour les sciences physiques, la chimie, les Sciences et vie de la terre (SVT) et la technologie. Il s'agit de l'extension d'une expérimentation (dite «enseignement intégré») menée depuis 2006 dans 50 collèges.
Financé par des «redéploiements internes»
Le ministre a aussi signé des conventions avec des associations partenaires oeuvrant pour susciter le goût de ces disciplines.
Interrogé sur le coût de ce plan, Luc Chatel a répondu qu'il serait financé par des «redéploiements internes». Aucun objectif quantifié en matière de réduction des difficultés scolaires n'a été fixé.
Une «coquille vide» selon les syndicats
Les syndicats enseignants y ont vu une énième annonce: «Coquille vide» (SNUIpp-FSU), plan qui «fait pschitt» (Sgen-CFDT), «nouvel écran de fumée» (SE-Unsa), ce plan a pour objet «d’allumer des contre-feux médiatiques» au moment où commencent à être connues département par département les conséquences des 16.000 suppressions de postes prévues en 2011, en plus des quelque 50.000 dans l'Education depuis 2007.
Le Snes-FSU a relevé qu'avec la réforme du lycée qui se met en place en classe de première à la rentrée, les horaires de sciences en première scientifique allaient être réduits.
Selon l'association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public (APMEP) la première S comportera 40% d'enseignements scientifiques, contre «plus de 50% aujourd'hui».
Des mesures «positives» mais inefficaces?
Pierre Léna, délégué à l'Education et à la Formation à l'Académie des sciences, a jugé ces mesures «positives», en particulier l'enseignement intégré au collège. «Encore faut-il les mettre en place avec ténacité sur le terrain pour que cela ait un impact réel sur les résultats des élèves» aux prochains classements Pisa, a-t-il dit à l'AFP.
Le ministre «n'a pas répondu à ses interrogations» sur les horaires de sciences en classe de première ni sur la baisse des crédits alloués à la formation continue des enseignants de sciences, a-t-il reconnu.
Pour Michel Vigier, fondateur de l'association pour la prévention de l'innumérisme, ces mesures «ne vont pas dans le mauvais sens, mais ne suffisent pas». Prônant une «autre approche de la mathématique», il a douté de l'efficacité du «par coeur» pour donner le goût des maths, surtout «si on ne dit pas aux élèves à quoi servent les tables de calcul. La mémoire ne peut pas fonctionner».