Est-il éthique de prêter son corps pour abriter la grossesse d'un autre couple? C'est tout l'enjeu de la question des mères porteuses qui déchire le monde politique depuis le début de l'année. Et, comme souvent avec les questions scientifiques, ce débat transcende les partis. Il y a deux ans, Nadine Morano avait ainsi affirmé qu'elle serait prête à porter la grossesse de sa fille.

Depuis, et malgré le combat de sénateurs comme Alain Milon, l'UMP et les députés centristes semblent s'éloigner de toute idée de légifération. «Ça peut être considéré comme le symbole de l'asservissement d'un utérus sur un autre dans une société libérale. Les gens voient souvent le bonheur des parents, mais oublient le désarroi de la mère porteuse», explique Jean Leonetti, rapporteur de la commission spéciale sur la loi bioéthique, qui organise une table ronde aujourd'hui. Le PS continue par contre de se diviser sur cette question. Son bureau national devait évoquer ce sujet, mardi, trois semaines après que Lionel Jospin ou Benoît Hamon se sont élevés contre cette pratique.

Les intellectuels se déchirent

La GPA (gestation pour autrui) est-elle une marchandisation du corps de la femme ou un don de soi? «En sociologie, en psychanalyse et en droit, voilà bien longtemps que les liens sociaux priment sur les liens biologiques», écrivent les signataires d'une tribune publiée par Le Monde.

A leur tête, Elisabeth Badinter et des élus socialistes comme Aurélie Filippetti. «J'ai une dizaine de patients par an qui vont pratiquer des GPA au Canada ou en Australie, il faut légiférer», expli­que la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, dont le travail pour la fondation Terra Nova, un des think tanks du PS, a poussé des sénateurs socialistes à déposer une proposition de loi au Sénat. Initiative soutenue par Gérard Longuet, président du groupe UMP.