Semaine de quatre jours: «La décision avait été prise surtout pour faire plaisir aux parents»
INTERVIEW•François Jarraud, professeur d'Histoire-Géographie, rédacteur en chef du Café pédagogique, revient sur la polémique autour de cette réforme...Propos recueillis par Catherine Fournier
La semaine de quatre jours de nouveau clouée au pilori. Un rapport parlementaire rendu ce mercredi la juge «mauvaise, délirante et aberrante» . Deux ans après sa généralisation, François Jarraud, professeur d'histoire-géographie et rédacteur en chef du Café pédagogique, revient sur le contexte dans laquelle cette réforme a été mise en place et les difficultés qu’elle pose désormais.
Quelle était la volonté du gouvernement, selon vous, quand il a instauré la semaine de quatre jours à la rentrée 2008?
Xavier Darcos a décidé de supprimer l’école le samedi matin dans le cadre des nouveaux programmes du primaire. L’idée était de passer de 26h à 24h de cours par semaine et de consacrer les deux heures restantes à une aide personnalisée pour les élèves. Mais la décision a été prise surtout pour faire plaisir aux parents, c’était une volonté politique et démagogique.
Quels problèmes ont émergé ensuite?
On s’est rendu compte que les journées scolaires étaient trop chargées. Et il a fallu caser les deux heures de soutien le midi à l’heure du déjeuner ou en fin de journée. Un rapport de l’Académie de médecine féroce a montré à quel point cette organisation était mauvaise pour les élèves, que ce soit pour leur santé ou pour leur réussite scolaire. Le problème des rythmes scolaires joue dans les mauvais résultats qu’a obtenus la France dans le classement Pisa.
Toutes les écoles sont-elles vraiment passées à la semaine de quatre jours?
La majorité oui. Certaines ont fait marche arrière, comme à Angers, mais cela a été compliqué. Au départ, Xavier Darcos a imposé la semaine de quatre jours. Puis, au vu des critiques, il a opté pour une position un peu moins dure, en laissant le choix aux conseils d’école.
Luc Chatel a fait la même chose ce mercredi matin...
C’est une erreur. Beaucoup de gens pensent que la solution est nationale. Pour sortir de l’impasse, il faut revenir à une semaine plus équilibrée mais cela suppose de la bonne volonté de la part des enseignants, ainsi que des collectivités locales, également impactées. Or, les uns comme les autres n’ont pas des rapports très bons avec le gouvernement actuellement. Et puis, même si certains parents d’élèves prônent un retour à la semaine de cinq jours, d’autres sont satisfaits d’avoir leur samedi matin. Les familles se sont organisées comme cela.
Une nouvelle réforme n’est donc pas pour demain?
J’avais posé la question à Luc Chatel lors d’une conférence de presse sur les rythmes scolaires. Le ministre a répondu qu’un rapport serait rendu avant l’été prochain, puis que des préconisations seraient prises et appliquées de façon très graduelle et très lente. A mon avis, rien ne bougera avant 2012.