Viols: changer le regard sur les victimes
SOCIETE•Plusieurs collectifs veulent lever le tabou à l'occasion d'une nouvelle campagne...Oriane Raffin
«Viol: la honte doit changer de camp!» Le collectif Osez le féminisme lance ce mercredi une campagne contre le viol, à la veille de la Journée mondiale contre les violences faites aux femmes. La campagne est réalisée avec le Collectif féministe contre le viol (CFCV) et Mix-Cité.
«75.000 femmes violées par an en France, c’est énorme», déplore Julie Muret, militante à Osez le féminisme, contactée par 20minutes.fr. Le collectif s’appuie sur les chiffres de l’enquête de victimation de l’Observatoire national de la délinquance (ONDRP) qui permet, après consultation d’un large échantillon de citoyens, de chiffrer les violences non «déclarées». Ce rapport estime qu’en 2007 et 2008, 150.000 viols ont été commis en France. Soit 200 par jour et un toutes les sept minutes, souligne Osez le féminisme. «Ça concerne tous les milieux sociaux, les villes, les campagnes...», complète Emmanuelle Piet, médecin et présidente de la CFCV, contactée par 20minutes.fr.
«On impute la responsabilité à la victime»
Les chiffres des plaintes, eux, sont plus faibles. En 2009, 9.842 viols ont été enregistrés par la police et la gendarmerie. Mais d'où qu'ils viennent, les chiffres sont difficiles à calculer, car le viol reste souvent tabou. Osez le féminisme estime qu'une femme sur dix a été violée ou le sera au cours de sa vie. «Je suis l'une d'elles je pourrais être l'une d'elles», affirme le manifeste des collectifs.
Mais outre le nombre de viols, ils veulent s’attaquer à l’image de la femme violée. «Ce qui est extraordinaire sur le viol, c’est qu’on impute la responsabilité à la victime. C’est elle qui a honte, alors qu’elle n’a rien fait!», explique Julie Muret. D’où le slogan de la campagne: «La honte doit changer de camp». «Il y a un vrai travail à faire, explique Emmanuelle Piet. Hier, j'ai montré l'affiche de la campagne à des hommes d'un certain âge. Certains m'ont dit "Mais regardez, on voit son nombril!". La société a tendance à rendre les femmes responsables. On dit "elle s'est faite violée", comme si elle avait fait quelque chose! Alors qu'on devrait dire "elle a été violée", c'est une victime».
Le collectif a lancé une pétition en ligne, ainsi qu’une campagne d’affichage et de distribution de tracts pour sensibiliser l’opinion publique au sujet, réclamer une meilleure prise en charge des victimes, un meilleur dépistage et des jugements en cour d'assises. Plusieurs personnalités ont rejoint le mouvement. Agnès Jaoui, Muriel Robin ou encore Florence Foresti ont signé la pétition.
Vous avez vous-même été victime d'un viol? Vous souhaitez témoigner? Ecrivez-nous à: [email protected].