l'unesco toquée de gastronomie française
table L'art de manger hexagonal a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité hierMatthieu Goar
Le pays de Rabelais, de la dynastie Troisgros et... d'« Un dîner presque parfait » a donc été récompensé. Comme 20 Minutes l'indiquait dès le 5 novembre, l'Unesco a proclamé hier l'inscription du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Au milieu du tissage du tapis azerbaïdjanais ou encore de la musique marimba en Colombie, l'art de manger à la française est donc distingué par l'organisme international.
Lutter contre la globalisation
Et n'en déplaisent aux petits cousins qui râlent contre les radotages de papy en fin de repas, c'est surtout la convivialité de cette pratique (plus que la qualité des recettes) qui a convaincu les membres de l'Unesco. « Le repas français est un tout. C'est bien sûr une succession de plats, un accord entre les vins et les mets, mais aussi une ambiance, une intention… Ce qui étonne beaucoup les étrangers, c'est que nous aimons beaucoup commenter ce que nous mangeons », résume Pierre Sanner, chef de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires qui portait le dossier depuis quatre ans. Un dossier poussé par Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture en 2008 et étayé par des scientifiques. « Cette façon de manger s'est développée à la fin du Moyen Age. Et ce qui est intéressant en France, c'est que cette pratique traverse tout le corps social. Riches comme pauvres ont adopté le même modèle de repas », détaille, Julia Csergo, historienne à Lyon-II et responsable scientifique du dossier.
C'est la première fois qu'une tradition gastronomique accède à cette liste honorifique créée en 2008 et qui recense d'habitude plutôt des danses, des chants, des langues ou des techniques. Parce que la gastronomie française est la meilleure ? « Pas du tout. La cuisine péruvienne a également ses caractéristiques. Nous avons ouvert une brèche à d'autres candidatures », se défend Pierre Sanner, rejoint dans ce combat contre la globalisation du goût par Alain Ducasse, le chef multiétoilé. « Les cuisines reflètent toutes une vision du vivre ensemble », a-t-il déclaré hier à 20 Minutes.