Salariée voilée à la crèche: un soutien unanime pour Baby Loup
JUSTICE•Plusieurs personnalités ont défendu l'établissement...© 2010 AFP
Tous derrière Baby Loup. La crèche associative poursuivie devant les prud'hommes par une salariée licenciée en 2008 parce qu'elle souhaitait porter le voile, a bénéficié lundi du soutien de plusieurs personnalités, notamment la présidente de la Halde, Jeannette Bougrab.
«Il n'y a pas de raison que la laïcité soit moins bien protégée que la liberté religieuse, ce sont deux principes de valeur constitutionnelle», a déclaré Mme Bougrab, en marge de l'audience. La présidente de la Haute autorité de lutte contre les discriminations a défendu la possibilité pour la crèche incriminée de choisir «l'option philosophique de la laïcité», quand d'autres établissements peuvent opter pour l'option religieuse.
Le dossier de la Halde «en cours d'instruction»
La Halde avait pourtant rendu en mars un avis en faveur de la salariée avant que la nouvelle présidente de l'institution, Mme Bougrab annonce en octobre un réexamen du cas. La Halde n'a pas encore rendu de nouvel avis, Mme Bougrab précisant que le dossier était «en cours d'instruction».
D'autres personnalités se sont rendus lundi au palais de justice de Mantes-la-Jolie pour soutenir la crèche, comme la philosophe Elisabeth Badinter, qui n'a pas souhaité faire de déclaration, le député-maire PS d'Evry Manuel Valls ou la présidente de Ni putes, ni soumises Sihem Habchi. «Comme maire ou élu local, nous pouvons être soumis aux pressions des extrémistes», a déclaré à la presse M. Valls, qui a souhaité que «les enfants devaient en être protégés».
Le principe de «neutralité» non respecté
La crèche Baby Loup, située en plein coeur du quartier sensible de la Noé à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), ouvre 24 heures sur 24 et sept jours sur sept depuis 1991. En décembre 2008, une salariée de retour d'un congé parental, a fait part à la directrice de sa volonté de porter le voile. Or, le règlement intérieur de la structure interdit le port de signes religieux au nom du principe de «neutralité».
L'employée, qui avait le statut de directrice-adjointe, a été mise à pied après, selon les responsables de la crèche, une «altercation» et licenciée pour faute grave le 19 décembre 2008. Dénonçant un licenciement abusif, elle a saisi le conseil des prud'hommes et réclame plus de 80.000 euros de dommages et intérêts. Elle avait aussi saisi la Halde.
Elle «portait son voile et le retirait de temps à autre»
Le premier témoin entendu par le conseil des prud'hommes, une ancienne salariée de Baby Loup, voilée à l'audience, a déclaré que sa collègue «portait le voile quand (elle) la voyait sur son lieu de travail». L'avocate de la salariée licenciée, Me Majda Régui, a plaidé que sa cliente «portait son voile et le retirait de temps à autre» à la crèche, considérant que son licenciement pour faute grave était intervenu «pour faire des économies».
«Elle voulait trouver un accord après la mise en place du nouveau règlement intérieur et aucune alternative ne lui a été proposée», a ajouté l'avocate, qui estime qu'«il s'agit d'une instrumentalisation du dossier pour faire passer Mme A. pour celle qui va faire couler Baby Loup». Mme A. a quitté le palais de justice sans faire de déclaration, en se dissimulant sous un manteau pour échapper aux journalistes. Le jugement a été mis en délibéré au 13 décembre.