SECURITEBraquages: Différents modes opératoires pour un même objectif

Braquages: Différents modes opératoires pour un même objectif

SECURITEAlors que plusieurs milliers d'attaques à main armée se déroulent chaque année en France, 20minutes.fr revient avec un expert sur les diverses techniques utilisées...
Corentin Chauvel

Corentin Chauvel

Le gang à l'aspirateur a de nouveau sévi cette semaine avec le braquage d'un Monoprix de la région parisienne. Pour ce faire, les malfaiteurs ont utilisé le schéma habituel - «effet de surprise, accès aux produits, vitesse d’exécution, fuite», analysé par le criminologue Doron Lévy dans son ouvrage paru la semaine dernière et intitulé «Braquages: Actualité, évolution, ripostes» (CNRS Editions). D’après l’expert, joint par 20minutes.fr, l’attaque à main armée est «la technique la plus répandue» parce que c’est «facile et efficace».

Outre son «côté viril», le braquage «représente dans l’imaginaire du délinquant un certain aboutissement voire une reconnaissance par ses collègues». Si le schéma théorique reste quasiment toujours le même, Doron Lévy rappelle que la variété des modes opératoires «ne doit pas faire oublier que chaque attaque est unique dans sa configuration émotionnelle, technique et temporelle». Petit tour d’horizon.

Le braquage déguisé
«Les braqueurs sont souvent grimés pour cacher leur profil, leurs formes», indique Doron Lévy. Le déguisement (de la simple cagoule au costume de personnage célèbre) fait donc partie de la panoplie du parfait braqueur. La France a connu dans les années 1980 le fameux «gang des postiches» qui a dévalisé une trentaine de banques. Plus récemment, les «Pink Panthers» ont défrayé la chronique avec des déguisements adaptés au lieu du casse (masques anti-pollution à Tokyo, T-shirts fleuris à Saint-Tropez, chapeaux Panama à Londres). Les Etats-Unis ont également offert les exemples les plus loufoques cet été avec des braqueurs portant sur la tête des sous-vêtements, du papier toilette ou revêtant tout simplement un costume de clown ou de Dark Vador.

Le braquage violent
C’est le mode opératoire le plus récent. «Toutes les figures du grand banditisme sont tombées dans les années 1990. Depuis, tout le monde s’est mis au braquage et il n’y a plus de code d’honneur, les gens sont pressés», explique Doron Lévy. Il n’est ainsi plus rare de voir des victimes civiles ou policières lors de ces actions menées souvent par des jeunes, pas toujours expérimentés. Les attaques de fourgons blindés, menées avec de l’artillerie lourde, sont aussi apparues à la fin des années 1980.

Le braquage avec otages
Pour Doron Lévy, «la séquestration intervient par défaut». En clair, quand les choses tournent mal. Mais, pour le criminologue, les meilleurs braqueurs savent ce qu’ils veulent, sont très bien informés (repérages, cartographie des lieux, horaires d’ouverture et de fermeture,…) et laissent ainsi «très peu de chance au hasard».

Le braquage destructeur
Pour mettre à mal des établissements de mieux en mieux protégés, il faut parfois user de grands moyens. A Cannes, en juillet 2001, le gang des «Pink Panthers» avait défoncé la porte blindée du bijoutier Van Cleef & Arpels avec un Range Rover «avant de sortir des masses dissimulées dans des étuis de golf pour briser les vitrines», raconte Doron Lévy. Ces derniers mois, de nombreux casses ont eu lieu de cette manière en région parisienne, à l’aide de voitures-bélier et même d'une pelleteuse, mais sur des distributeurs automatiques.

Le braquage indirect
Plutôt que d’affronter directement les employés et les clients, les braqueurs vont passer par d’autres issues que l’entrée principale. Outre le gang à l'aspirateur qui a de nouveau frappé cette semaine, le plus fameux casse de ce genre fut celui d’Albert Spaggiari, en juillet 1976, à Nice. C’est en passant par les égouts que l’ancien militaire et sa quinzaine de complices s’emparent d’un peu plus de 7,5 millions d’euros dans la salle des coffres de la Société Générale. Mais la technique du «tunnel» nécessite une très grande préparation. Le mois dernier, des malfaiteurs ont tenté en vain de s’introduire dans un local abritant des distributeurs de billets à Créteil (Val-de-Marne). Le mur séparant le local convoité de l’annexe d’une section locale du PS dans laquelle les braqueurs s’étaient introduits par effraction était bien trop résistant.