JUSTICEAttentat de Karachi: une enquête pour soupçon d'entrave à la justice est ouverte

Attentat de Karachi: une enquête pour soupçon d'entrave à la justice est ouverte

JUSTICELes accusations de rétro-commissions pour financer la campagne d'Edouard Balladur n'ont en revanche pas été retenues...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Rebondissement judiciaire dans l’affaire de l’attentat de Karachi. Le juge d'instruction Renaud van Ruymbeke a été chargé d'enquêter sur des soupçons d'entrave à la justice et de faux témoignage. Cette enquête fait suite à une plainte des familles des victimes de l'attentat survenu au Pakistan, en 2002.

Le 8 mai 2002, l'attentat de Karachi avait fait 15 morts, dont 11 salariés de la Direction des Constructions navales (DCN), travaillant à la construction de sous-marins vendus par la France au Pakistan en 1994.

Des documents internes dissimulés ?

Les familles accusent notamment Jean-Marie Boivin, l’ancien administrateur de la société off-shore Heine - par laquelle auraient transité des commissions sur le contrat d'armement - d'avoir menti au cours d'une audition par le juge antiterroriste chargé de l'enquête.

Elles soupçonnent également les dirigeants de la DCN de s'être rendus coupables d'entrave à la justice en cachant l'existence de documents internes évoquant la piste financière pour expliquer l'attentat.

Les faits présumés de corruption écartés

En revanche, le parquet n'a pas ouvert d'information judiciaire sur des faits présumés de corruption en marge d'un contrat d'armement et sur d'éventuelles rétro-commissions vers le club politique d'Edouard Balladur, pourtant visé par la plainte des familles.

Dans le cadre de leur enquête, les juges antiterroristes chargés de l'enquête sur l'attentat ont réorienté leurs investigations vers l'hypothèse de représailles pakistanaises après l'arrêt des versements de commissions sur le contrat de vente de sous-marins français au Pakistan.

Ces commissions pourraient avoir donné lieu à des rétro-commissions pour financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, selon des témoignages et rapports versés au dossier.

«Il va appartenir au juge van Ruymbeke, dont l'aura et l'indépendance sont connues de tous, de statuer sur la totalité du champ de la plainte, y compris l'aspect corruption», a cependant déclaré Me Olivier Morice, l’avocat de plusieurs familles de victime. Selon lui, «le parquet veut visiblement éviter des investigations trop poussées sur la campagne d’Edouard Balladur en 1995».