L'heure de l'Aïd-el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, a enfin sonné pour les musulmans toujours plus nombreux à le suivre (70% d'entre eux en 2009 contre 60 % en 1989, d'après l'Ifop). Une progression qui s'expliquerait, selon l'anthropologue de l'islam, Malek Chebel, par la participation grandissante des jeunes qui privilégient une pratique sinon «ostentatoire», du moins «visible» de leur culte. « l existe un phénomène grégaire chez les garçons, qui se sentent obligés de pratiquer ensemble le ramadan.»

«Pratique très rigoureuse»

Plus suivi que le rite des prières, peu compatible avec le rythme de vie d'un jeune actif, le ramadan apparaît comme un bon compromis, permettant pour certains une pratique plus libre de l'islam le reste de l'année. « L'observance du jeûne se révèle également assez haute chez les convertis, à la pratique très rigoureuse, voire rigoriste. »

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L'esprit de groupe, le collectif, un ingrédient semble-t-il essentiel au bon déroulement de ce rite à la frontière de l'ascèse et de la fête. Joueur de football professionnel, Fethi, 27 ans, termine son quatorzième ramadan. Un mois de privations qu'il a «bien géré», entre ses deux entraînements quotidiens et les matchs. Mais il l'avoue: «Pour les jeunes éloignés de leur famille en cette période festive de retrouvailles, c'est un peu plus difficile. Il faut recréer une communauté.»

Dans son équipe, ils étaient trois cette année à jeûner, sans régime de faveur. «L'entraîneur, qui d'habitude lâche du lest, ne nous a pas dissociés des autres.» «Contrairement à leurs parents, intégrés dans un système culturel, comme au Maroc où les restaurants sont fermés, les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas la société derrière eux. C'est une pratique hors champ où la tentation est partout présente, analyse Malek Chebel. Mais c'est ce qui est admirable.»

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