ETELe tueur fou: On n'est en sécurité nulle part, pas même chez soi

Le tueur fou: On n'est en sécurité nulle part, pas même chez soi

ETEChaque vendredi, 20minutes.fr décrypte une légende urbaine qui nous a tous fait frissonner, le soir autour du feu de camp...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

«Charlotte vit dans une résidence universitaire, avec une colocataire, Melissa. Un soir, vers 21 heures, elle se rappelle qu’elle a oublié de ramener un livre emprunté à la bibliothèque, qui ferme à 23 heures. Charlotte propose à Melissa de l’accompagner, mais cette dernière est fatiguée, et doit se lever tôt le lendemain. Elle se couche, et demande à Charlotte d'éteindre la lumière en sortant. Arrivée à la bibliothèque et après avoir rendu son livre, Charlotte rencontre un ami qui lui propose d’aller boire un verre. Elle accepte, mais passe chercher un pull dans sa chambre avant. Quand elle y arrive, elle se rappelle que Melissa est endormie, et sachant où se trouve son pull, n’allume pas la lumière pour ne pas la réveiller. Elle retrouve ensuite son ami à la bibliothèque, et va boire un verre avec lui. Le lendemain matin, lorsqu’elle se réveille, elle trouve sa colocataire baignant dans son sang, la gorge tranchée, et cette phrase, écrite sur un miroir et qui restera gravée pour toujours dans sa mémoire: “Tu dois être contente de ne pas avoir allumé la lumière“.»

«Une jeune femme est seule chez elle. Elle va se coucher, son chien dort sur le sol, près de son lit. Dans la nuit, elle se réveille, dérangée par un bruit étrange qu’elle n’arrive pas à identifier. Inquiète, elle se penche vers son chien, qui lui lèche la main. Ca la rassure, et elle se rendort. Le matin, à son réveil, elle trouve son chien pendu dans la salle de bain, la gorge tranchée. Là où il dort habituellement, elle trouve un papier où est inscrit “Les humains aussi peuvent lécher.“».

Deux légendes, une seule trame

Ces deux légendes urbaines semblent très différentes au premier abord, et de nombreux détails varient selon les versions racontées - sur ce que la survivante vient chercher dans la chambre, sur le lieu où elle va, sur la façon dont le meurtre est découvert, sur la façon de tuer, … Cependant, elles reposent en fait sur la même trame: une jeune femme ne se rend pas compte qu’un crime horrible est en train d’être commis sous ses yeux, et elle ne prend conscience qu’elle a échappé à la mort que grâce au message du meurtrier. Le véritable moment d’horreur se concentre sur la survivante: le sang se glace lorsqu’elle réalise à quel point elle était proche d’y passer.

Comme toute légende urbaine, on retrouve sa trace des siècles en arrière. Dans le livre The diary of a Victorian squire, qui regroupe des extraits du journal intime de Dearman Birchall, ce dernier, un riche anglais, raconte que, le 11 août 1871, il a assisté à une partie de croquet, où l’un des invités lui a raconté l’histoire suivante: «Une nuit, un pasteur est réveillé par sa femme. Elle lui dit “John, je suis sûre qu’il y a un voleur sous le lit, je le sens bouger. Lève toi et regarde“. Le pasteur lui répond, “C’est seulement le Terre-Neuve, je viens de mettre ma main sous le lit et il l’a léchée“. Le lendemain matin, à leur réveil, tous les bijoux et d’autres biens avaient disparu.» Pas de meurtre cette fois, mais la façon dont le voleur échappe à la vigilance des habitants de la maison endormie est similaire. Le fait que la victime soit rassurée par cet élément familier aussi.

Lointain descendant du Croquemitaine

Cette légende urbaine effraye parce qu’elle remet en question le sentiment de sécurité que l’on éprouve lorsque l’on est chez soi, qui plus est dans sa chambre à coucher. Le meurtrier pervers est un lointain descendant du Croquemitaine de notre enfance, qui lui aussi se cachait sous le lit et attendait qu'un pied ou une main dépasse pour nous emporter: il s’introduit facilement chez les gens et y fait ce qu’il veut, sans que personne ne s’en rende compte. Enfin, elle sous-entend que ce tueur fou peut pénétrer aussi facilement chez n’importe qui, que même si l’on se sent en sécurité chez soi, on est toujours vulnérable face à la violence.