SOCIALBernard Thibault: «On ne nous a pas accordé une réunion avec tous les acteurs»

Bernard Thibault: «On ne nous a pas accordé une réunion avec tous les acteurs»

SOCIALLe secrétaire général de la CGT se montre ferme face à la réforme des retraites proposée par le gouvernement...
Selon Bernard Thibault, la majorité des salariés est opposée au projet de réforme des retraites.
Selon Bernard Thibault, la majorité des salariés est opposée au projet de réforme des retraites. -  S. POUZET / 20 MINUTES
Recueilli par Gilles Wallon

Recueilli par Gilles Wallon

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, avait boycotté les «négociations express» au ministère du Travail, la semaine dernière, juste après la présentation du projet de loi par Eric Woerth. Sans suppression de l'allongement de la durée du travail, son syndicat « n'acceptera pas » la réforme.

Pourquoi avez-vous refusé les dernières négociations avec Eric Woerth?

Le ministre a été très clair. Il accordait 48 heures aux syndicats pour amender à la marge son projet de loi. Sans aborder les questions fondamentales du report de l'âge légal de 60 à 62 ans et de l'âge du taux plein de 65 à 67 ans. Comment pourrait-on accepter de ne discuter que des détails? Les syndicats qui ont rencontré le ministre l'ont dit: ils n'ont eu aucune influence. Depuis le début, la négociation nous est refusée. On ne nous a pas accordé une seule réunion avec tous les acteurs, syndicats, patronat et gouvernement, autour d'une même table. C'est un cas unique en Europe.

La partie n'est-elle pas déjà jouée?

Absolument pas. La majorité des salariés s'oppose à ce projet. Mais le dire, ça ne suffit pas. Maintenant, il faut que ce soit visible. Tout indique que nous passerons la barre du million de manifestants. Si ça ne suffit pas, nous aurons de la suite dans les idées. Ce n'est pas la fin d'un cycle. Ce n'est que l'annonce d'un projet de loi!

Quelles conséquences aura le report de l'âge légal de 60 à 62 ans?

Le gouvernement veut simplement faire des économies le plus vite possible, en reculant le moment où l'on verse les retraites. On demande 85% de l'effort aux salariés, mais on ignore leur réalité. D'un côté, ceux qui ont un emploi devront travailler plus longtemps, tandis que les périodes de chômage ou d'emploi précaire s'allongent pour les autres. C'est spectaculaire, cette façon dont le gouvernement ignore la question de l'emploi. D'ici à 2016, si on applique ce texte, un million de postes pourraient être bouchés pour les jeunes demandeurs d'emploi. Tout cela pour des mesures dont le texte précise qu'elles seront réévaluées en 2018… On est loin d'être dans la réforme qui va sauver le système.

Nicolas Sarkozy peut-il reculer? Il pourrait payer cher cet échec politique...

Le coût politique, c'est au Président de l'apprécier. Quel choix sera le plus lourd? Je rappelle que les salariés composent la plus grande partie du corps électoral… S'il faut rentrer dans une bataille, nous nous mettrons en ordre de marche. J'ai déjà vu reculer des gouvernements aussi sûrs que celui-là. Singulièrement, sur le sujet des retraites.

Le gouvernement veut réduire le déficit de 100 milliards en trois ans. Quelle influence sur les retraites?

Les retraites, c'est le premier étage de la rigueur. On peut penser qu'ensuite, d'autres mesures d'austérité toucheront les politiques publiques. Ce sera le tour de l'Assurance-maladie. Aux Français d'accepter des restrictions sur les niveaux de remboursement, les prises en charge d'une liste de pathologies qui s'allonge. Ces restrictions consistent à faire payer aux salariés la facture de la crise. Ce que nous contestons depuis des mois.