JUSTICEProcès Kerviel: le réquisitoire sévère de Daniel Bouton

Procès Kerviel: le réquisitoire sévère de Daniel Bouton

JUSTICEL'ancien patron de la Société générale a tenté d'enfoncer la défense de l'ancien trader...
Maud Pierron

Maud Pierron

«Vous êtes le meilleur communicant » de la Société générale, a fait remarquer un avocat des parties civiles à Daniel Bouton. Ou le meilleur procureur contre Jérôme Kerviel, au choix. En deux heures de témoignage, l’ancien patron de la banque, qu’il a quittée en 2009, s’est attaché à enfoncer la défense du prévenu. Et n’a pas hésité à le signaler au tribunal. «Je remarque M. le président que Me Metzner ne dit plus que “la Société générale savait”. Il dit autre chose, “c’est qu’elle pouvait savoir, ou devait savoir”», triomphe-t-il après avoir ferraillé une demi-heure avec l’avocat du prévenu.

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«Défaillances dans le contrôle»

Oui, il y a eu des «défaillances dans le contrôle», notamment parce que « le principe de méfiance » n’était pas assez développé dans la banque, mais «la première erreur, c’est d’avoir embauché Jérôme Kerviel», le «fraudeur», a-t-il asséné, d’un ton docte, dans un costume gris légèrement trop grand.

Jérôme Kerviel, ce diable d’homme qui «de la main gauche» écrit à un ami «qu’il est foutu» et «de la main droite continue de cliquer» pour creuser ses pertes, insiste l’ex-président, lunettes fines sur le nez.

Aux actes de son ancien trader, Daniel Bouton a accolé deux termes: «débile» pour les montants engagés et «génie malveillant» pour son don pour la dissimulation. Il a exhorté le prévenu à «être sincère». «J’ai parfois un rêve étrange, a-t-il continué. Que Jérôme Kerviel reconnaisse qu’il a menti, qu’il a fait cela tout seul et qu’il me dise ce qui l’a motivé.» Cela, il le «doit» aux «150.000 salariés de la banque» qui ont affronté par sa faute un «ouragan de force 10».

Assis à sa droite, Jérôme Kerviel ne cille pas. A la barre, il concède une nouvelle fois «des erreurs». «J’ai conscience que certaines personnes ont pu souffrir, mais je ne suis pas d’accord pour dire que mes actes étaient invisibles.» Le vrai réquisitoire, celui du procureur, se tiendra demain.

«Le mystère»

La même question, lancinante, répétée par le président Pauthe: «Mais qui êtes vous vraiment M. Kerviel?». Bras croisés, il répond: «Je suis quelqu’un qui a essayé de faire son travail du mieux possible», sans vouloir «faire de mal». «Il n’y a donc pas de mystère Kerviel», demande le président. «Non, pas à mon sens», répond, énigmatique, le prévenu.