Près d'une dizaine de milliers de Chinois défilent pour dénoncer l'insécurité
PARIS•Ils seraient la cible d'attaques de plus en plus fréquentes dans le quartier de Belleville...20 Minutes avec AFP
Des milliers de Chinois ont défilé dimanche après-midi dans le quartier de Belleville, à Paris, pour protester contre les violences dont ils se disent la cible. La manifestation s'est ensuite terminée par quelques échauffourées.
Environ 8.500 personnes, selon la police, ont pris part à cette marche organisée par un collectif d'associations franco-chinoises entre la rue de Belleville et la place du Colonel-Fabien, dans un quartier métamorphosé ces dix dernière années par un nouvel afflux d'immigrés asiatiques.
Selon les organisateurs, il s'agit de la plus grande manifestation de cette communauté jamais organisée en France.
Pour alerter les autorités
«Belleville, quartier tranquille», ont scandé les manifestants, alternant coups de sifflet et slogans en français et en chinois et portant tee-shirts et autocollants sur lesquels étaient inscrits les mots «Sécurité pour tous».
«Nous nous sommes décidés à descendre dans la rue après une agression lors d'un banquet de mariage à Belleville au début du mois», a dit à l'AFP Huong Tan, un porte-parole du collectif, inquiet que la situation ne dégénère «si les autorités ne réagissent pas». Car pour la première fois, explique-t-il, «quelqu'un de la communauté a répondu à la violence par la violence. Nous ne voulons pas que ça se reproduise».
Depuis plusieurs mois, selon le collectif, les agressions et les vols violents visant les Asiatiques se multiplient dans l'est parisien. «Les agresseurs sont souvent des groupes de jeunes qui habitent ici», affirme Huong Tan, qui réfute l'existence de problèmes de racisme.
«Certains n’iront jamais porter plainte»
Plusieurs manifestants expliquent que les Asiatiques constituent des «proies» toutes désignées pour leurs agresseurs. «Lors des mariages, on n'offre pas de cadeaux matériels mais souvent de l'argent», insiste un commerçant qui affirme observer «plusieurs fois par jour» de petits larcins dans les magasins alentours.
Un fleuriste du quartier souligne la vulnérabilité de certains membres de la communauté: «Ceux qui ne parlent pas français ou ne possèdent pas de papiers en règle n'iront jamais porter plainte.»
Dans la foule, un jeune homme exhibe la photo d'une femme au visage tuméfié. «Dimanche dernier, elle a reçu une boule de pétanque dans la figure parce qu'elle n'a pas voulu donner son argent à son agresseur», raconte Shi Weiming, qui dit travailler à la constitution d'une association de défense des victimes.
«Si le problème persiste, nous serons encore plus nombreux»
Le maire du XXe arrondissement, Frédérique Calandra, a incité la communauté à mieux s'organiser: «Il faut que nous ayons des interlocuteurs», a-t-elle lancé.
Le collectif réclame «des actions concertées et coordonnées» entre le préfet de police et les maires, dans ce quartier à cheval sur quatre arrondissements, afin «de renforcer les dispositifs de sécurité et de prévention».
«Si le problème persiste, nous serons encore plus nombreux», a prévenu Chan Sing Mo, le président du collectif, dont les propos étaient traduits par un porte-parole.
La fille adoptive des Chirac dans la foule
La manifestation, à laquelle s'était jointe la fille adoptive de Jacques et Bernadette Chirac, Anh Dao Traxel, d'origine vietnamienne, s'est dispersée à partir de 16h30.
Des échauffourées ont ensuite éclaté «entre une cinquantaine de jeunes internes à la manifestation et une dizaine de jeunes extérieurs au cortège». Trois personnes ont été interpellés, selon une source policière. Selon des témoignages recueillis par l'AFP sur place, les incidents auraient été provoqués par le vol du sac d'une manifestante.