Kervial avait failli être viré en 2005
JUSTICE•L'ex-trader a reconnu avoir fait des faux pour cacher ses opérations...M.P. avec agence
Au septième jour de son procès, Jérôme Kerviel a reconnu avoir fait des faux pour déjouer les contrôles et cacher ses opérations frauduleuses. «Que ce soit bête, débile, je vous le concède, mais j'étais dans une spirale... c'était un boulevard», s'est encore une fois justifié l'ancien trader de la Société Générale, 33 ans, jugé depuis le 8 juin pour avoir causé une perte de 4,9 milliards d'euros début 2008.
A partir de mars 2007, ses prises de positions ont commencé à représenter des sommes astronomiques, pour atteindre près de 50 milliards d'euros début 2008, lorsque la «fraude» a été découverte. Il devait donc dissimuler ses engagements, ses gains et ses pertes, beaucoup trop importants par rapport à son mandat. Pour justifier ses prises de positions, il utilisait de nombreux artifices: «écart de méthodes», «erreur de saisie», fabrication de faux mails de supposées «contreparties»...
«C'est comme tenir un chien en laisse»
D’après lui, il était simple de répondre aux services de contrôles, puisqu'ils semblent avoir cru à des justifications que le prévenu estime «pas crédibles un quart de seconde». «Mais fin 2007, vous auriez pu vous arrêter (...) vous étiez sûr de vous?», lui a demandé le président Pauthe. «A l'époque, oui, à tort sûrement», a répondu Jérôme Kerviel, répétant encore et toujours que ses supérieurs cautionnaient sa stratégie de trading. «C'est comme tenir un chien en laisse et lâcher dix mètres de corde», a-t-il ajouté. Avec quel «os à ronger?», a demandé Dominique Pauthe, toujours à la recherche d’un mobile. «Le résultat pour la banque», a répliqué l’ancien trader, comme à son habitude. Comme il l'a dit à de nombreuses reprises depuis le début de son procès, Jérôme Kerviel, qui encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende, a affirmé avoir agi pour «faire gagner un maximum d'argent à la banque».
En juillet 2008, la Commission bancaire avait infligé un blâme et une amende de 4 millions d'euros à la Société Générale pour des «carences graves du système de contrôle interne».
Un ancien supérieur de Jérôme Kerviel, Antoine Declerk, considéré comme son mentor, s'est présenté à l'audience mercredi après-midi. Il a expliqué qu'il avait failli «virer» l'ex-trader en 2005, pour avoir pris des engagements en dehors de son mandat. «J'ai porté, dans les mois qui ont suivi, une attention plus soutenue à ce qu'il faisait», a assuré le trader, désormais employé dans une autre banque. Antoine Declerk, qui a poussé la promotion de Jérôme Kerviel, a quitté la Société générale en janvier 2007. D'après les enquêteurs, le départ de cet homme a marqué un tournant dans les agissements de Jérôme Kerviel. Il se serait ensuite senti plus libre d'agir à sa guise.