SANTELa méph, nouvelle drogue, nouveaux méfaits

La méph, nouvelle drogue, nouveaux méfaits

SANTELe ministère de la Santé vient de classer la méphédrone comme stupéfiant...
Ingrid Gallou

Ingrid Gallou

«Not for human use.» (Interdit à l'usage humain). C'est grâce à cette inscription, imprimée sur les livraisons commandées depuis Internet, que la méphédrone a conquis toute une partie de l'Europe. Présentée comme un simple engrais, c'est ainsi qu'elle a trompé la vigilance des douaniers. Depuis ce week-end, pourtant, ces envois sont passibles de poursuites.

Rejoignant le Royaume-Uni, le Danemark et l'Allemagne, la France l'a inscrite vendredi au tableau des produits stupéfiants. Car loin d'être une aide au jardinage, la méph, comme on la surnomme, serait plutôt une alternative aux amphétamines et à l'ecstasy. D'ailleurs, selon l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), «il n'y a pas d'utilisation normale à la méphédrone. C'est une substance qui a été synthétisée uniquement pour son usage récréatif.»

Suspicions de décès

Encore inconnue voici un an, (elle a été identifiée pour la première fois en France à la fin 2009), la méph, poudre fabriquée en Chine, est devenue en quelques mois le symbole d'une drogue «nouvelle génération». Son «succès» auprès des jeunes et des très jeunes réside avant tout dans «son vecteur de diffusion: Internet», selon l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), et dans son prix, à peine plus cher qu'une bouteille de vodka (entre 10 et 17 euros le gramme).

Si la jeunesse britannique, traditionnellement plus portée vers les drogues de synthèse, l'a adoptée en masse, malgré plusieurs suspicions de décès liés à son utilisation, la consommation française demeure plus marginale, cantonnée aux soirées électro. Pour autant, précise l'Ocrtis, «certains en France en ont pris sans le savoir, pensant consommer de l'ecstasy».

Son classement aujourd'hui comme stupéfiant correspond à une prise de conscience de sa dangerosité. Si, à l'expérience, la prise «défonce le pif», selon un consommateur, elle est suivie d'une descente associée à des maux de tête, des crises de paranoïa et, effets stimulants oblige, de tachycardie. Surtout, «c'est une drogue qui possède un potentiel addictif important. On a tout de suite envie d'en reprendre.» Le cas de décès constaté en Suède en 2008 devrait passer l'envie à certains de commencer.

La méphédrone

Drogue de synthèse, la méphédrone est un dérivé de la cathinone, substance active des feuilles de khat, une plante d'Afrique mâchée pour ses propriétés stimulantes, proches de l'amphétamine.