Le procès de Jérôme Kerviel, accusé d’avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros à la société générale, débute mardi devant le tribunal correctionnel de Paris. L’ex-trader, accusé «d’abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système informatique», sera seul sur le banc des accusés. Il risque cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende. Pour maître Olivier Metzner, qui le défend, la Société générale a menti car elle connaissait les agissements de son ex-salarié. Il promet des «surprises» pour un procès qu’il annonce «animé» et « vivant».

Comment abordez-vous le procès de Jérôme Kerviel?
Dans un climat tendu, parce qu’on a affaire à une prétendue victime, qui n’a pas dit toute la vérité, qui n’a pas joué le jeu de la transparence, et cela apparaitra lors de ce procès. J’ai les preuves de ce que j’avance, je les dévoilerai aux procès. Je vais démontrer que la défense de la Société générale ne tient pas debout et qu’elle savait de bout en bout ce que faisait Jérôme Kerviel.

Quand il est venu vous voir pour le défendre, quelle a été votre première réaction?
Je me suis demandé comment un seul homme pouvait être le seul accusé de tous ces faits. Je défends l'individu seul mais un individu face à un système. Jérôme ne doit pas faire les frais seul de ce qu’on lui a laissé faire.

Vous comptez vous appuyer sur l’opinion publique pour dénoncer un système?
Evidemment, je trouve normal que les Français sachent comment ça se passe dans les banques. Je ne suis pas sûr que les Français voient d’un bon œil qu’une banque laisse un jeune trader jouer avec des milliards et que parfois ces milliards s’évaporent, alors qu’ils ont des difficultés pour se faire prêter de l’argent par ces mêmes banques. Quand Jérôme Kerviel fait gagner 500.000 euros à la Société générale en 2007, il faut savoir que c’est parce qu’il spécule à la baisse le jour des attentats de Londres. L’opinion publique fait toujours preuve de bon sens. Pour autant, je me bats dans un tribunal, devant un tribunal.

Le contexte actuel pourrait servir votre démonstration?
Bien sûr. On nous annonce depuis deux ans des lois pour réguler la finance, pour limiter les bonus des traders. Vous avez-vu quelque chose allant vraiment dans ce sens là? Non. Encore récemment, plus de mauvais chiffres étaient annoncés pour la Grèce, plus les traders spéculent à la baisse pour gagner de l’argent.