Non, une vidéo ne montre pas l’armée ukrainienne « se rendre en masse » à Koursk

«Contrairement aux informations diffusées par nos mérdias [sic] américanisés, les forces armées ukrainiennes se rendent en grande quantité dans la région frontalière de Koursk. Tout le monde doit voir ce film. » Ces mots virulents proviennent d’un post X daté du 11 mars. La veille, un compte prorusse postait la même vidéo, accompagnée du message : « L’armée ukrainienne se rend en masse à l’armée russe qui avance dans toute la région de Koursk. Certains soldats ukrainiens ont fait le bon choix. Ils ont appelé la Volga par radio et se sont rendus. Ce sont pour la plupart des civils ukrainiens mobilisés de force qui… [sic] »

Sur ces images que « tout le monde doit voir » (et de fait, plus de 400.000 internautes les ont vues), des soldats portant l’uniforme ukrainien défilent, les mains en l’air et la mine défaite.

FAKE OFF

Plusieurs « mérdias », dont 20 Minutes, ont décidé d’enquêter sur cette vidéo. S’agit-il bien de soldats ukrainiens ? De quand datent ces images ? Ont-elles été filmées à Koursk ?

Pour s’en rendre compte, il convenait de faire une capture d’écran et de la soumettre à une recherche Google par image. On retrouve ainsi la vidéo sur YouTube, où elle a été publiée… le 5 avril 2022. La légende précise : « Le bataillon des marines de la 501e brigade des forces armées ukrainiennes s’est rendu à Marioupol. » Si les circonstances de cet épisode demeurent troubles, il s’agit donc bien de soldats ukrainiens. Par contre, on est bien loin de Koursk en 2025.

L’armée ukrainienne encerclée ?

Onze jours après la réapparition de ces images, la situation à Koursk reste difficile à déterminer. Selon Donald Trump, les forces ukrainiennes sont encerclées, mais cette information a été démentie par Volodymyr Zelensky et par l’agence de presse Reuters, qui évoque des sources au sein des services de renseignements européens et américains, y compris la CIA.

Ce qui est sûr, c’est que ces posts X ne nous informent en rien sur la situation à Koursk. Un argument fréquent des désinformateurs est que l’authenticité d’une image importe peu, dès lors que ce qu’elle dénonce est vrai. Quand un argumentaire repose exclusivement sur une image détournée, il est pourtant légitime de soupçonner un mensonge.